Pot pourri

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  • #78217
    Anonyme
    Inactif


    Je pousse contre la lourde porte en bois de toutes mes forces, et je la sens s’ouvrir avec satisfaction et beaucoup de soulagement. Je titube dans l’entrée du chalet, le vent et la neige me suivant de près, et je jette immédiatement mes skis et mon sac dans le couloir, avant de me retourner et, des deux mains, de pousser contre la porte de toutes mes forces pour la fermer.
    Je sens mes lourdes chaussures glisser contre le tapis, et je les lèves pour les planter contre le plancher, avant de pousser. Pendant un bref instant, j’ai peur de laisser glisser et que la porte me rentre dans la tête, mais avec un petit juron, je pousse à nouveau, et je sens cette dernière enfin reculer, avant de finalement claquer bruyamment.

    Avec un grand soupir, je me laisse tomber contre le mur et glisser par terre, bercée par le vent soufflant contre le chalet. Je frissonne, et relève ma capuche avant d’enlever mon béret, soudainement en nage. Dans le silence, je remarque un bruit un peu étranger, comme un crépitement. Poussée par la curiosité, je me relève, remets mon sac, et je suis le couloir. Là, je vois une scène surprenante.

     

    Dans la pièce principale, devant la cheminée, il y a un jeune homme, à peu près mon âge, en pull, et il y a un feu dans la cheminée, et il est en train de manger tranquillement du fromage fondu dans une casserole. Le tableau est tellement serein, voire bucolique, que j’en éclate immédiatement de rire. Son visage passe de content à confus, et je lève la main le temps de me calmer, avant de baisser mon masque.

    “Désolée, c’est juste que… Ça fait vingt minutes que je suis perdue dans le blizzard, et vous voir comme ça…”

    Il hausse les sourcils, mais sourit chaudement. “Ha, si vous voulez, il y a du vin blanc dans mon sac, et il reste du fromage en cuisine.”

    Je regarde sa fondue improvisée, je dois admettre qu’elle a l’air bonne, mais les calories. “Au moins, vous ne vous laissez pas abattre par ce temps.”

    Il hausse les épaules. “Le chalet n’est pas à moi, donc je m’attends à devoir rembourser le fromage. Mais c’est un cas d’urgence, ils comprendront.”

    J’opine, et je suis son exemple, n’enlevant mon blouson que brièvement avant de le remettre avec un frisson. “C’est un petit feu.”

    “Oui, j’ai un peu peur d’arriver à cours de bois. Déjà que je mange leur fromage, si je devais brûler tout le bois, les propriétaires me cloueraient au pilori.”

    Je laisse échapper un petit rire en imaginant ce pauvre homme en caleçon, coincé dans un pilori dans la neige, avant de me poser sur une autre chaise, près du feu. “Vous me faites goûter ce vin, s’il vous plaît?”

     

    “…alors, comment êtes-vous arrivé ici?”

    Il tousse un peu. “Je… Je travaille comme traceur, alors je passe ici et l’eau pour vérifier.”

    “Vérifier quoi?”

    “Un peu de tout. L’état des pentes, l’épaisseur de la neige, dans quel état sont les abris de secours, un peu de tout.”

    “Et c’est bien?”

    Il tousse doucement. “Aucune idée, je viens de commencer et je ne suis même pas sûr d’être sur la bonne montagne.”

    J’éclate de rire.

    “Et vous?”

    J’arrête immédiatement de rire. “Oh… La même chose.”

    Il me fixe, suspicieux sans oser le dire. “…je vois.”

    Je le fixe en retour, avant de craquer. “Je faisais du hors-piste.” Je le vois qui ouvre la bouche pour commencer à parler, et je le coupe immédiatement. “Je sais, JE SAIS, c’est pas intelligent, c’est même plutôt pas très malin voire même un c’htit peu dangereux, mais je voulais un peu de liberté !”

    “…de liberté? Dites m’en plus, voulez-vous?”

    Je soupire.  “Je suis venue en voyage d’affaire, en fait, avec ma patronne, qui est aussi ma soeur. Et elle est constamment, mais alors, constamment sur mon dos !”

    “Et donc?”

    “Alors je voulais avoir un peu de liberté, et ne plus avoir l’impression d’avoir à nouveau douze ans, et d’être fessée avant d’être envoyée dans ma chambre pendant qu’elle fait venir son petit ami !”

    Il éclate de rire pendant un moment très inconfortable. “E-Excusez moi, j’ai pas… Mais alors, si elle apprenait que vous aviez fait du hors-piste…”

    “Oh, alors là ! Ce serait la déculottée devant toute la station !” J’ajoute, le visage rouge par l’alcool et la gêne.

    “Eh. Donc votre survie dépend de mon silence, si je venais à raconter ce que vous avez fait…” Il sourit en regardant le feu, le ton un peu rêveur.

    Je ne sais pas ce qui me prends. Une impulsion, un désir de le titiller. “Quel serait le prix de ton silence, mon cher maître-chanteur?”

    Il se tourne vers moi, le visage éclairé par les flammes. “Oh, chantage est un vilain mot. Je préfère dire ‘prendre une faveur de force’.”

    Je le fixe, toujours souriante, le feu cachant mon embarras.

    “…et bien, puisque vous allez recevoir une fessée de toute façon, je devrais vous en donner une ici-même.”

    Sur le moment, l’idée me semble séduisante. Recevoir une fessée en privée plutôt qu’en public, et par quelqu’un qui, pour une fois, n’est pas de ma famille… “D’accord ! Cul nue, alors !”

    Il hoche de la tête vigoureusement. “Absolument ! D’ailleurs, même pire que ça, je vais chercher une planche et m’en servir comme paddle !”

    “Ouais ! Alors je vais me déculotter et me pencher, dos au feu !”

    “Je n’arriverais pas à voir de quelle couleur tes fesses seront si t’es comme ça.”

    “Pas grave, j’ai une lampe, tu n’as qu’à la braquer sur mes fesses.”

    “Okay, ça roule !”

    Pendant qu’il se lève et va chercher sa planche, je me débats avec mes différent couches de vêtements, pour finalement arriver à baisser pantalon et culotte. La nuit s’annonce chaude et douloureuse, et pourtant plaisante.

     

    Nous nous reverrons l’année prochaine.

    #78902
    Anonyme
    Inactif


    “…tu veux me donner une fessée?”

    Je tends l’oreille, soudain bien plus intéressé par la discussion des voisins que je ne l’avais été avant.

    “Pourquoi pas? Tu n’arrêtes pas de dire que je ne fais jamais rien pour toi.”

    “Ben ouais, mais…”

    “Puis c’est toi qui n’arrête pas de parler de tes profs de danse, et des fessées que tu te prenais.”

    “Ouais, mais…”

    “Et de cette colonie de vacance où tu avais été en étant ado, avec ce moniteur qui t’avais menacé d’une déculottée. Il s’appelait comment, ce con? Jean-Baptiste?”

    “Jean-Patrick.”

    “Et tu m’avais aussi parlée d’un article sur les bienfait de la circulation sanguine en disant que forcer la circulation de temps en temps, c’était très sain.”

    “Mais…”

    “Et quand tu m’avais demandée d’effacer l’historique internet parce que ta mère allait visiter, et que j’ai vu que tu étais aller demander sur Google Answers comment obtenir une fessée de son conjoint.”

    “MAIS BORDEL DE MERDE, POURQUOI T’AS PAS RÉAGI PLUS TÔT?”

    Je grimace, et je ferme la fenêtre. Puis je me verse un café en secouant la tête. Ha, les jeunes mariés.

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