Ces deux-là – deuxième partie
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Manfred, le il y a 17 heures et 21 minutes.
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- 8 septembre 2025 à 21:23 #106243
Rosée
ParticipantLe village avait ce charme particulier des bourgs prospères, à mi-chemin entre campagne verdoyante et proximité de la métropole, accessible en un quart d’heure par la voie rapide. Cette situation idéale en faisait un lieu très prisé : beaucoup de familles quittaient la ville pour y trouver la quiétude, tout en gardant un pied dans l’effervescence urbaine.
Les rues étaient bordées de maisons anciennes aux façades bourgeoises, souvent rénovées avec goût, alternant avec des villas plus modernes et élégantes. Le cadre social était marqué par une forte homogénéité : professions libérales, cadres supérieurs, médecins, architectes, enseignants… La plupart des habitants se connaissaient ou connaissaient quelqu’un qui connaissait quelqu’un. Ceux qui avaient grandi là revenaient souvent s’y installer une fois adultes, attirés par le sentiment de communauté et par la douceur de vivre.
C’est dans ce décor que se dressait la maison dans laquelle Marc et Elise s’étaient installés, avec leurs enfants.
Un an s’était écoulé depuis leur première visite et depuis, mes pensées, presque obsessionnelles, sur la vie intime de ce couple singulier, s’étaient dissipées…
Marc et Elise semblaient être le couple le plus normal qui soit. Ils s’étaient fondus au tissu du village sans difficulté. Leurs participations aux activités locales, leur élégance discrète, leur chaleur auprès du voisinage, avaient certainement facilité leur intégration.
Je croisais Elise presque tous les jours lorsque je déposais les enfants à l’école. Elise était toujours douce et attentive envers ses enfants. Marc, plus rare, apparaissait parfois avec toujours ce calme rassurant qui semblait émaner naturellement. Je ne les voyais plus seulement comme le couple mystérieux qui avait acheté la maison. C’était une famille saine et agréable.
Pourtant, je trouvais toujours le couple captivant. J’apercevais leurs regards, d’une intensité rare, la manière dont Élise s’inclinait légèrement vers Marc quand il lui parlait, le silence confiant qui s’installait entre eux sans que personne ne le trouve pesant. Tout cela m’intriguais. Comment un couple parental, plongé dans la routine des enfants, de l’école, des devoirs, pouvait-il encore dégager une telle aura ? Comment, malgré le poids de la vie quotidienne, malgré les contraintes, ils semblaient rayonner d’un amour si vivant, si singulier ?
Secrètement, j’avais la conviction qu’entre Marc et Elise se jouait quelque chose de plus grand, plus profond…
Néanmoins, lorsque je me surprenais à repenser à leur première visite, à cette scène que j’avais surprise sans le vouloir, je finissais par douter de ce que j’avais perçu. Ce claquement sec, ce ton feutré mais ferme de Marc, la lueur dans les yeux d’Élise… Était-ce bien réel ? Ou avais-je projeté mes propres fantasmes sur ce couple à l’amour si palpable ?
Côtoyer leur famille dans mon quotidien avait écarté tous mes soupçons. Car, depuis la première visite, je n’avais pas surpris le moindre signe d’une éventuelle intimité disciplinaire…
Jusqu’à ce samedi soir, où je fis une découverte venant confirmer ce dont j’avais été témoin un an plus tôt…
Ce soir-là, Thibaut et moi étions invités chez Marc et Élise pour une fête de voisins. Leur maison vibrait d’une énergie joyeuse : entre éclats de rire et tintements de verres, les conversations s’enchaînaient avec la légèreté des soirées où chacun se connaît de près ou de loin. J’aimais cette ambiance, où les générations se mêlaient naturellement.
À un moment, en cherchant les toilettes, je me retrouvai dans un couloir plus calme, loin du brouhaha. Une porte entrouverte attira mon attention. Je jetai un coup d’œil par réflexe, persuadée de trouver un simple bureau. Mais ce que je découvris dépassait de loin mes attentes.
A première vue, il s’agissait bien d’un bureau. Celui de Marc : spacieux, sobre, ordonné, avec son grand bureau en bois foncé, des papiers soigneusement rangés et quelques cadres familiaux posés ici et là.
Mais mon regard fut happé par l’arrière-plan : des portes-bibliothèques coulissantes, entrouvertes, laissaient deviner une pièce attenante.
Poussée par une curiosité que je n’aurais pas dû nourrir, je fis un pas de plus. De l’autre côté, l’atmosphère était différente.
Au centre,trônait une méridienne recouverte de tissu clair, invitant à l’abandon. À côté, un large fauteuil aux lignes profondes, si confortable qu’il semblait attendre quelqu’un pour s’y lover des heures durant. Des panneaux acoustiques recouvraient discrètement les murs et le plafond, donnant à l’endroit une impression d’étouffement feutré, comme si le silence lui-même avait été capturé et apprivoisé. De grands tapis épais adoucissaient encore la pièce, absorbant les sons et rendant l’ensemble incroyablement intime.
L’endroit respirait une atmosphère étudiée, ni tout à fait un salon, ni tout à fait une chambre — un espace hors du temps. Je cherchais un éventuel instrument de musique pouvant expliquer cette insonorisation… Mais je découvris autre chose.Une bibliothèque occupait un pan entier du mur du fond. À première vue, elle semblait être une collection éclectique : reliures anciennes, ouvrages plus modernes, formats variés. En m’approchant, je compris qu’une grande partie de ces livres était dédiée à un thème bien précis. Des dizaines, peut-être des centaines de volumes consacrés à la fessée, sous toutes ses formes : récits, essais psychologiques, traités historiques, témoignages, parfois même illustrés.
Jamais je n’avais vu une collection pareille. Loin d’être une fantaisie isolée, elle témoignait d’un véritable intérêt, presque d’une érudition. Chaque titre semblait à sa place, chaque volume rangé avec soin, comme les pierres précieuses d’un trésor intime.
Je restai immobile, fascinée et troublée. Tout ici parlait d’un monde caché, d’une intimité protégée et assumée. Les tapis, les panneaux insonorisants, la méridienne, la bibliothèque… tout dessinait un univers où Marc et Élise vivaient une part d’eux-mêmes, invisible aux autres.
Je pris conscience que j’étais entrée, sans y avoir été invitée, dans un espace secret. Et que ce secret, désormais, faisait partie de moi aussi. Mes émotions se bousculaient, j’étais partagée entre l’excitation d’avoir percé un mystère et la gêne d’avoir franchi une limite.
Des éclats de rire résonnèrent depuis le jardin, me rappelant la fête et la normalité apparente du monde extérieur. Mais dans mon esprit, rien n’était plus vraiment normal.
— Flore… ?
La voix de Marc me fit presque tressaillir. Je me retournai vivement, coupable comme une enfant prise sur le fait. Il se tenait dans l’encadrement, une coupe à la main, son éternel sourire poli accroché au visage. Mais ses yeux, d’un bleu perçant, disaient autre chose : une lueur de surprise, mêlée à une vigilance maîtrisée.
— Excusez-moi… je cherchais les toilettes, bredouillai-je, gênée. La porte était entrouverte, et… j’ai vu cette pièce.
Marc avança de quelques pas, calmement, comme s’il avait prévu cette scène. Il balaya la pièce du regard, puis me regarda à nouveau, son sourire s’élargissant légèrement.
— Alors… qu’en pensez-vous ? demanda-t-il simplement, en désignant d’un geste discret le petit salon derrière moi.
Il n’y avait dans sa voix ni reproche ni froideur, seulement une curiosité tranquille, presque complice. Comme s’il me laissait le choix : détourner le regard ou admettre ce que j’avais vu.— C’est… très élégant, murmurai-je, la gorge sèche. Intime, feutré. On sent que vous avez voulu créer un espace… à part.
Marc hocha lentement la tête, visiblement satisfait de ma réponse.
— Oui. C’est exactement cela. Un endroit à part.
Il fit quelques pas de plus, posant sa coupe sur le bureau, et s’arrêta juste devant les portes coulissantes. Puis il baissa légèrement la voix, presque confidentielle :
— Vous savez, Flore… cette pièce n’était pas censée être découverte. C’est un espace privé, que nous protégeons beaucoup. Même nos enfants n’y ont pas accès.
Je sentis mes joues s’empourprer. Tout mon corps criait l’envie de m’excuser, mais son ton, à la fois doux et ferme, m’en empêcha. Il n’attendait pas des excuses. Il me confiait un secret.
— Je comprends, soufflai-je. Vous pouvez compter sur ma discrétion.
Son sourire se fit plus franc, chaleureux.
— Je n’en doutais pas. Vous êtes une femme de confiance, Flore. Et je préfère le dire clairement : aux yeux du village, Élise et moi… nous resterons toujours le couple le plus ordinaire du monde. C’est ainsi que nous voulons être perçus.
Ses mots me frappèrent comme une évidence. Oui, en société, ils semblaient parfaits, équilibrés, aimants. Mais maintenant, je savais qu’il existait cet autre visage, invisible, protégé derrière des murs insonorisés et une bibliothèque verrouillée.
Marc reprit sa coupe, me lança un regard complice, presque amusé, et ajouta d’une voix plus légère :
— Venez, les autres vont se demander où nous sommes passés.
Je le suivis dans le couloir. La fête battait son plein, et moi, je venais de devenir gardienne d’un secret que personne d’autre ne devait soupçonner.
8 septembre 2025 à 21:45 #106244Monsieur Armand
ParticipantBravo et merci @liberty pour cette qualité d’écriture! Vous savez entraîner le lecteur et le plonger dans dans votre univers: un univers tout en retenue, mais dans lequel la sensualité est omniprésente, suggérée, tapie, prête à jaillir, peut-être…
Bien évidemment, nous attendons avec impatience la troisième partie… et les suivantes !
9 septembre 2025 à 08:28 #106247Fessochix
Participant“Excusez-moi… je cherchais les toilettes” : voilà qui mériterait la fessée ! Dans cette pièce qui lui est dédiée. Par Marc et devant Thibaut ? et Élise ? Un bon exemple pour celui qui n’ose pas et un beau spectacle pour celle qui habituellement la reçoit dans ce salon.
J’anticipe sur la suite ? Mais, de cette façon ou d’une autre, elle sera avec le talent de Rosée ( ou @liberty ) fort agréable à lire : et même quelque peu excitante.
On dit parfois une "bonne" fessée : mais c'est normalement toujours bon ! Et pour les deux...
9 septembre 2025 à 17:18 #106251Rosée
ParticipantBravo et merci @liberty pour cette qualité d’écriture! Vous savez entraîner le lecteur et le plonger dans dans votre univers: un univers tout en retenue, mais dans lequel la sensualité est omniprésente, suggérée, tapie, prête à jaillir, peut-être… Bien évidemment, nous attendons avec impatience la troisième partie… et les suivantes !
merci @monsieurarmand ! 🙂
“Excusez-moi… je cherchais les toilettes” : voilà qui mériterait la fessée ! Dans cette pièce qui lui est dédiée. Par Marc et devant Thibaut ? et Élise ? Un bon exemple pour celui qui n’ose pas et un beau spectacle pour celle qui habituellement la reçoit dans ce salon. J’anticipe sur la suite ? Mais, de cette façon ou d’une autre, elle sera avec le talent de Rosée ( ou @liberty ) fort agréable à lire : et même quelque peu excitante.
oui c’est une possibilité mais j’aime bien aussi le réalisme pour mieux me projeter… bon j’avoue qu’à ce rythme on est loin de voir Flore recevoir la fessée, je ne sais pas moi-même comment cette histoire va évoluer ! Mais on avance 😅
9 septembre 2025 à 18:42 #106253Paulparis
ParticipantBravo et merci @liberty pour cette qualité d’écriture! Vous savez entraîner le lecteur et le plonger dans dans votre univers: un univers tout en retenue, mais dans lequel la sensualité est omniprésente, suggérée, tapie, prête à jaillir, peut-être… Bien évidemment, nous attendons avec impatience la troisième partie… et les suivantes !
merci @monsieurarmand ! 🙂
“Excusez-moi… je cherchais les toilettes” : voilà qui mériterait la fessée ! Dans cette pièce qui lui est dédiée. Par Marc et devant Thibaut ? et Élise ? Un bon exemple pour celui qui n’ose pas et un beau spectacle pour celle qui habituellement la reçoit dans ce salon. J’anticipe sur la suite ? Mais, de cette façon ou d’une autre, elle sera avec le talent de Rosée ( ou @liberty ) fort agréable à lire : et même quelque peu excitante.
oui c’est une possibilité mais j’aime bien aussi le réalisme pour mieux me projeter… bon j’avoue qu’à ce rythme on est loin de voir Flore recevoir la fessée, je ne sais pas moi-même comment cette histoire va évoluer ! Mais on avance 😅
Selon la formule consacrée, le meilleur moment c’est quand on monte l’escalier… et la patience est source d’un plaisir plus intense. Alors si vous nous faites patienter avant d’assister à la fessée qu’inévitablement votre héroïne finira bien par recevoir, c’est pour notre plaisir ! Merci !
9 septembre 2025 à 19:34 #106254Fessochix
ParticipantRéalisme ou imagination sont Rosée @liberty les deux pendants des textes littéraires, ou à vocation littéraire. Une fessée à laquelle on peut croire parlera mieux au lecteur. Mais un fantasme difficilement réalisable c’est bien, aussi. Vous ferez selon votre inspiration et sans précipitation : le maintien au pied de l’escalier c’est pour nous tout un charme.
On dit parfois une "bonne" fessée : mais c'est normalement toujours bon ! Et pour les deux...
10 septembre 2025 à 05:59 #106256Manfred
ParticipantPour tout dire, je pensais que la première partie du récit se suffisait à elle même en laissant l’imagination du lecteur compléter à sa guise. Nul besoin de la description de l’acte, souvent répétitive pour vibrer. Eh bien, vous avez réussi à me faire changer d’avis avec ce deuxième épisode. Voilà que j’ai envie de lire le troisième !
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