Une bande de voyous dans la tête

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    Sacha
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    Quand elle rentre dans l’atelier, la musique est forte. D’habitude, ça la fait grimacer. Mais aujourd’hui, on dirait que ça la fait réfléchir. Sur le fond de couleurs que j’ai déjà posé, j’essaye de faire son visage pensif au fusain. Sauf qu’il est trop changeant. Je n’arrive pas à le saisir alors je la dessine en Marguerite parce qu’elle aime bien Boulgakov. Ça me ressemble pas, gémit-elle. Du paquet qui traine par terre, elle tire une cigarette et l’allume. Elle a l’air si pensive que j’ai l’impression qu’elle va allumer le filtre au lieu de la cigarette.

    – Tu connais des voyous, Sacha ? 

    – Je ne sais pas. C’est quoi des voyous ? 

    – Les types que je vois en rêve qui me courent après. 

    – Hein ? C’est qui ces mecs ? C’est quoi cette histoire.

    Elle hausse les épaules. 

    – Des hommes en noirs, je vois pas leur visages. Je passe devant eux. Ils sont oisifs, ils sont en bande. Ils ont l’air de se livrer à des activités criminelles ou presque. 

    – Presque criminelles ? 

    – Oui, presque criminelles. Je n’ai pas envie qu’ils me remarquent mais, en même temps, je ne peux pas m’empêcher de marcher bizarrement quand je passe à leur hauteur. Comme si leur proximité me faisait oublier comment je marche d’habitude. C’est comme si ils déformaient ma réalité, tu vois ? 

    – Pas vraiment, dis-je en faisant la moue. Il se passe quoi après ?

    – Ils me courent après. Je cours et j’ai peur mais, en même temps, j’ai envie de m’arrêter. Qu’ils se jettent sur moi et qu’ils fassent de moi leur objet sexuel. 

    Je crache de la fumée. Je me regarde dans le psyché : quand je laisse la fumée sortir de ma bouche sans souffler, elle se prend dans ma barbe. On dirait que ma cerveau brûle et que ma tête prend feu. 

    – T’arrête de te regarder dans le miroir, princesse, me lance-t-elle. 

    – Du coup, c’est quoi ta question ? Est-ce que je connais des mecs qui s’habillent en noir, fument de la drogue et coursent des filles dans la rue ? Non, je suis un garçon sérieux. 

    – Tu sais ce que j’ai fait en me réveillant ? J’étais dégoûtée de ne pas avoir fini le rêve. Je me suis masturbée tellement fort. 

    Je m’assois à côté d’elle sur le canapé. Elle ne sait pas s’asseoir, cette fille, pensais-je : effondrée sur elle-même, sa jupe remontée sur ses cuisses, une pose parfaitement négligée, j’hésite un instant à me relever pour prendre mon carnet à dessin. 

    – Il s’est passé quoi après ?

    – Je sais pas, Sacha. Je n’arrive pas à imaginer ce que feraient des types comme ça à une pauvre femme comme moi. Tu sais ce qu’ils me feraient toi ? 

    – Tu te fous de ma gueule ? 

    Elle se mord le doigt. Elle ne va pas me le dire, c’est marqué dans ses yeux. 

    – Dis moi ce qui se passe après. 

    – Ce qui se passe ? Bah je me réveille. Qu’est-ce que tu veux qu’il se passe ? Je me réveille avec les lèvres de mon sexe gonflées comme des fruits trop mûrs que personne n’a pensé à cueillir. Tu sais, les raisins trop sucrés des récoltes tardives. Derrière les yeux, j’ai des hordes de types qui me dépossède de ma volonté. Des types qui prennent ma soumission exactement comme j’en rêve. Des types qui s’engouffrent dans les labyrinthes de ma libido. Mais tu sais ce qui m’excite le plus, Sacha ? C’est que je ne sais pas ce qu’ils vont faire de moi. Parce que je ne suis pas <i>eux</i>. 

    – Techniquement, beaucoup d’onirologues pensent que, dans un rêve, chaque personnage représente une part de soi-même.

    – Tu crois que j’ai envie qu’on me donne un cours ? Laisse tomber. 

    Elle attrape entre ses doigts le bas de sa jupe, la descend en se relevant et en faisant mine de partir. Je fais valser mon mégot sur les tommettes déchaussées de l’atelier et je l’attrape par les cheveux. Dans la masse de ses cheveux roux odorants, ma main se perd et quand elle sert ses deux mains fines sur mon poignet, je ressens un choc électrique, doux comme un baiser. De ma main gauche, je la fesse violemment. Le temps de revenir à moi, je réalise que mes canines sont enfoncées profondément dans ma lèvre inférieure. 

    – Laisse moi partir, Sacha. J’ai un truc à faire. 

    – Tais-toi. 

    – Je croyais que tu voulais me faire parler.

    Je la renverse sur le dos et enjambe son bassin.  

    – J’ai besoin de silence quand j’attrape des rêves, petite idiote.

    Ses pupilles grandissent et elle remplit ses poumons avec de la colère. J’ai l’impression qu’elle va me cracher à la gueule. Je lui plaque la main sur la bouche et j’embrasse ma main (merde, j’avais du fusain sur les doigts…). Je me regarde dans le miroir et mes lèvres sont toutes noires. Le temps de lui attacher les deux poignets au pied du canapé, je lui baisse sa jupe comme si le temps pressait. J’ai envie de mal la déshabiller… Sa culotte en travers de ses cuisses. Ses seins nus sous son t-shirt. Son nombril qui a l’air de trembler. 

    J’étais déjà nu avant qu’elle arrive. Face à la psyché, j’observe mon sexe dressé, mes épaules tendues et ma barbe. Je tire une longue bouffée de ma cigarette et laisse en virevoltant tomber les cendres sur son ventre. Son adorable petit mouvement de recul achève de me décider. À cheval sur sa poitrine, j’attrape sa gorge.

    – Ouvre la bouche, chaton.

    – Oublie que je t’aime, susurre-t-elle à travers ma main serrée, les yeux déjà ivres de sa propre rêverie.

    #81389
    Victor
    Participant


    Pas mal, pas mal. On en voit peu des histoires dans ce style. Ça change.

    La fin est rude, mais elle met les sens en éveil.

     

    Et maintenant, est-il capable de la dessiner convenablement ?

     

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