Lorsqu’il lui avait ordonné de se tenir droite, de ne pas bouger et qu’il s’était approché d’elle, un foulard noir à la main, elle avait ressenti une légère panique. Il allait lui bander les yeux. C’était la première fois. Pourtant, lorsqu’elle se retrouvait couchée en travers de ses genoux, il lui arrivait de le fermer d’elle-même pour se concentrer sur ses sensations, l’intensité grandissante de la chaleur pénétrant ses rotondités, la douleur un peu plus vive quand la main s’abattait sur sa cuisse, le crescendo d’une série de claques retentissant dans ses oreilles. Mais c’est elle alors qui maîtrisait la perte de vue, cette perte qui ouvrait chez elle un nouvel horizon, intensifiant l’ouïe, concentrant tout son être sur les sons : le bruit des claques, le son de la voix de son tourmenteur, ses gémissements parfois. Et surtout, ces moments de silence. Quand soudain la main fatiguée faisait une pause. Quand la voix s’éteignait, ayant épuisé les mots. Le silence qui lui emplissait les oreilles, qui emplissait tout son être. Elle pouvait alors sentir comme des vagues intérieures déferler en elle, un mélange de douleur, d’attente de la prochaine salve de claques, d’espoir que cela soit enfin fini, de peur aussi que cela ne finisse trop tôt. Etrange ambivalence : le silence l’agitait et l’apaisait tout à la fois, comme l’incessant flux et reflux des sensations intérieures qui la parcouraient. Le silence l’obligeait à s’écouter.
Mais …
Chuuuut … Laisse-toi faire …
…
Il lui avait bandé les yeux sans prononcer un mot de plus, puis il l’avait lentement guidée jusqu’au canapé.
A genoux.
Ordre calme. Economie de mots. Il avait relevé la jupe noire, baissé les collants, la petite culotte. Elle avait entendu le glissement de la ceinture entre les passants du pantalon. Le claquement du cuir sur sa peau l’avait presque soulagée tant la tension lui était devenue insupportable.
Aïe !
Oui, je sais. Cela fait mal.
Le ballet de la ceinture avait repris. Chaque claquement de la bande de cuir pliée en deux, lorsqu’elle s’abattait sur sa peau nue, résonnait dans la pièce comme un coup de pistolet. Sa respiration s’était faite un peu plus haletante. Parfois, deux, trois fois de suite, la ceinture s’abattait rapidement, sans la laisser souffler, accentuant le feu de sa peau. Parfois, il s’écoulait une dizaine de secondes entre deux coups. Alors elle écoutait le silence l’envahir.
C’est bien.
Ses fesses la brûlaient. Il avait remonté la petite culotte, les collants, baissé la jupe.
Tu vas mettre tes mains sur ta nuque et rester à genoux jusqu’à ce que je te dise que c’est fini.
Il avait laissé le bandeau en place. La douleur avait lentement reflué. Et puis elle avait senti une émotion indescriptible la saisir. Et lorsqu’elle avait entendu la pluie frapper les carreaux, sans trop savoir pourquoi, elle n’avait pu retenir ses larmes.
Ce sujet a été modifié le il y a 1 année et 11 mois par Marc.
Mmmmmh scène somptueusement écrite…Cela fait du bien de lire des sensations si subtilement décrites autour de ce fantasme complexe où se jouent beaucoup de choses…Le silence assourdissant n’en est que plus…claquant, si j’ose dire…^^ La suite??