Se souvenir des émotions. ..

[Anonyme]

C’est un 23 décembre il y a plus de 20 ans que Fanny est partie… Son choix. Je me revois hébété au téléphone en l’apprenant, bien des mois plus tard, par inadvertance au détour d’une conversation avec un ami commun.

“Tiens au fait ? Tu sais que Fanny…?“. Je ne savais pas.

Et même si on s’était largement perdus de vue au fil des années, partis vers des vies différentes, je lui gardais une petite place dans mon cœur. Elle avait du mal avec la vie, vaguement bohème, largement soixante-huitarde, un poil anarchiste et plus libertine que libertaire c’était “juste” une amie-amante de mes premières années, on dit sex friend désormais, je crois.

Je l’aimais. Mais je ne l’Aimais pas. Comme elle n’aimerait pas cette soudaine nostalgie liée à la date d’aujourd’hui, préférant de loin se souvenir d’instants plus torrides…

Pas facile, dans les années soixante à la campagne et chez les Sœurs de garder ses fesses intactes pour une jeune fille ! Les châtiments corporels étaient monnaie courante jusqu’à l’adolescence et ne prêtaient pas à scandale comme on peut le penser aujourd’hui. On peut s’étonner de la sévérité de l’époque impensable de nos jours. L’éducation dans ces pensionnats d’un autre temps était stricte, les fautes sanctionnées durement…

Nul n’y trouvait à redire. Et on ne parlait pas de sexe comme à présent. Silence radio, impossible d’en discuter, la honte est trop envahissante…

Ce jour là, Fanny me racontait des souvenirs un peu particuliers de fille d’agriculteur dans la France profonde des sixties sans même s’apercevoir que je l’écoute avec attention, plus que troublé. Vu ce qu’elle me narre, je ne montre pas que ça m’excite un peu (beaucoup) pour ne pas rompre le charme. Je lui ai demandé de me raconter.

“Des châtiments corporels ? Tu veux dire… la fessée ? Noooon ?”

Si ! Naïve et prenant mon intérêt pour de la compassion pure, elle me raconte lentement, en détail, cherchant ses mots. Je la laisse faire, le cœur battant. Des scènes d’antan remontent à la surface et elle rougit des évocations. J’avoue.  Ses images sont émoustillantes…

Oh, évidemment, ensuite elle a grandi et de ces cruels et humiliants souvenirs de punitions au pensionnat, sa libido porte les stigmates. Devenue femme adulte, elle n’a pas rencontré dans sa sexualité un partenaire à qui en parler ouvertement et n’a jamais osé avouer qu’elle a grand besoin d’être “dominée”, qu’elle est en manque de férule en permanence.

D’ailleurs au fond, en a-t-elle seulement conscience ? Fanny se montre souvent odieuse avec les hommes et les pousse à bout dans l’espoir non avoué de retrouver avec eux les émois d’une déculottée d’anthologie. Mais ces sots ne pigent pas l’attente et la quittent sans qu’elle ne parvienne à ses fins, la plupart du temps. Car ce n’est pas facile de dénicher un complice qui devinerait ses troubles et ses désirs cachés. Elle ne donne pas d’indications fléchées et évidemment pas question de révéler le moindre indice à ses amants.

À eux de trouver les clés…

S’ils savaient ce qu’ils perdent… Ce jour-là, j’ai vu son regard se troubler à l’évocation de ses punitions d’antan…

Assis tous deux sur le divan dans son salon, elle se confesse presque… et s’arrête soudain gênée de trop en dire, réalisant peut-être d’un coup l’érotisme qu’elle vient de susciter, au moment où je la prends par la main… Elle a gardé la tête basse, sans oser me regarder en face. Je l’ai doucement inclinée sur mes genoux l’attirant fermement en travers, avant de lui baisser sa culotte, lentement.

Frémissante, elle s’est laissée faire, toujours sans dire un mot. À peine quelques plaintes vite étouffées dans les coussins. Cet après-midi-là, elle a renoué avec ses démons.

Ah, les fesses rouges de Fanny…

Un plaisir intense et partagé. Instant inattendu qui s’est reproduit à quelques reprises, à chaque fois qu’elle en éprouvait le besoin… Plus encore que le désir !

[salamboflaubert75]

Ce partage d’émotions et de souvenirs m’a touché.

Ce moment partagé hors du temps de se révéler comme rarement de sa part à elle et de s’abandonner à une main qui saura la corriger et s’occuper d’elle en cet instant.

Tes émotions à ces souvenirs car elle n’est plus mais existe encore en toi malgré tout.

Et cette notion de besoin bien au-delà du désir me parle.

Sal

[Anonyme]

@salamboflaubert75

ben oui, il est des instants comme de nos émotions, c’est fragile et de temps en temps c’est bien de s’en souvenir ! Pas étonné que ça te cause aussi, hein =)

Ah, ces gens trop sensibles !

[Anonyme]

Au delà d’un bel hommage…un énorme respect de votre part…Très bien écrit…comme d’habitude

[Rony]

Très touchant.
Et très belle plume.

 

J'ai la faiblesse de croire que tout cul tendu mérite son dû.

[Biloba]

Vous sublimez le silence d’avant un écho paraissant éternel, laissant imaginer la grâce du silence d’après.

Je vais planquer ma petite larme sous l’ampleur de la pluie.

 

 

• Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 4 mois par Biloba.
• Cette réponse a été modifiée le il y a 2 années et 4 mois par Biloba.

[Anonyme]

Merci messieurs.

[Dundee]

Très beau texte, qui me rappelle des aventures vécues avec une amie de lycée retrouvée après son divorce. Mais je ne raconte pas aussi bien que Stan !

Épicurien, grand voyageur, adepte de la fessée OTK

[Miss Betty]

Beau souvenir partagé ici avec une très belle plume, qui nous transporte et nous fait vivre également ces émotions.

Merci

On a deux vies. La deuxième commence quand on se rend compte qu'on n'en a qu'une !

[Anonyme]

@dundee: merciii mais je ne fais pas mystère qu’écrire (et dessiner) est (un peu) mon métier, hein ! Du coup y’a moins de mérite à parvenir à faire ainsi passer des émotions…

C’est un fait, je n’aime pas trop les “spanking fictions“, récits bien trop prévisibles qui déroulent souvent un cahier des charges où on retrouve tous les ingrédients habituels de notre passion, jusque dans des dialogues surréalistes manquants cruellement d’émotions ! La réalité et l’authenticité priment dans les histoires qui m’enchantent et que d’autres ici racontent à merveille également !

[Dundee]

@Stan, merci pour la réponse. Bonnes fêtes à vous. A bientôt peut-être à Bandol où nous avons pratique nous activités heureuses.

Épicurien, grand voyageur, adepte de la fessée OTK

[Auteur]

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