Monsieur le fonctionnaire a touché la pourpre de mon passeport
Vladimir Maiakovski
Un jour comme un autre, alors que je m’apprêtais à traîner mon ennui sur un site de cul amateur (celui qui vous accueille d’un “welcome home” déprimant), j’y ai trouvé un message. Chose très rare sans être tout à fait inédite, tant il n’y avait rien sur ma “page” pour attirer l’attention.
Presque rien : un début de phrase en latin, dont ma correspondante a doctement fourni la fin. Me voilà bien : j’ai attiré une latiniste. Le début des ennuis, me suis-je dit, dans un élan de lucidité qui sous-estimait encore pas mal la situation, latiniste n’étant que le début d’un fascinant CV. Celui de quelqu’un qui a vécu plusieurs vies, traversé des contrées inconnues, dévoilant au fil de nos discussions une série de fragments que je ne saurais faire tenir ensemble, d’une vie radicalement différente de la mienne. Danseuse, acrobate, Dryade, je ne serais pas surpris de la voir un jour manier le sabre, ou démonter un fusil. Coutumière des forêts, à son aise dans les steppes d’Asie centrale, elle a des photos de déserts et de villages africains. On l’a vue à Carnac. Une comète.
Si vous la croisez, vous la reconnaitrez facilement. Pour commencer, elle risque de vous proposer une tisane : vous voilà prévenus. Sinon, même sous le feu des plus sévères punitions, ses pointes sont toujours impeccablement tendues. Ce à quoi l’on reconnaît les vraies danseuses, et les jouteuses qui aiment avoir le dernier mot.