Pauline, modèle vivant

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  • #77318
    Sacha
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    (Visiblement, tout le monde préfère les filles alors voici le retour triomphal de Pauline, guerrière du sexe en robe crayon, danseuse frénétique sans peur et pleine de reproches volontairement suscités pour le plaisir d’être punie, binoclarde du monde de l’édition et initiatrice tantrique universelle)

    « Pauline, arrête de bouger ».

    D’habitude, quand j’entends ces mots, je sais ce qui va arriver. Mais, dans ce contexte, c’est assez inhabituel.

    D’ailleurs. Sa voix est différente. Nous ne sommes pas dans sa chambre. Alors je décide de ne pas arrêter de bouger.

    C’était la semaine dernière :

    – Tu as déjà posée nue, Pauline ?, me demande Charles.

    – Pour des photos ?

    – Non, pour du modèle vivant. Pour du dessin quoi, devant des étudiants.

    – Je croyais que, les peintres, ils dessinaient tous d’après photo maintenant. Non, j’ai jamais fait.

    – Ça te fait peur ?

    Le salaud. Il me connaît. Ça m’apprendra, je suis une trop bonne prof. Il était pourtant pas vif quand je l’ai ramassé, mon bel idiot. Mais j’ai mis tellement d’effort à modeler son cerveau et ses réflexes sur les miens.

    Je l’ai patiemment dresser à me battre, à me barrer la route et à m’humilier ! Je lui ai montré les clefs et les serrures, je lui même appris à faire rentrer les premières dans les deuxièmes. Mais il faut avouer qu’il commence à savoir faire.

    – Moi ? Peur ? Mon petit chat, n’essaye même pas.

    – Bah je comprends, fait-il, narquois et mauvais, toute seule, entièrement nue, au milieu de vingt étudiants de première année qui te détaillent.

    – Moi ? Peur ? Tu as oublié où tu m’as rencontré ?

    Je me souviens encore de ses yeux écarquillés quand il m’a rencontré, ce petit con arrogant. Dans une soirée chez Cali. Il hésitait même à se toucher. J’étais ligotée en grenouille, sur le dos, et le mec de Cali m’avait collé une machine à baiser, avec un énorme gode.

    J’étais abandonnée comme ça dans un coin sur le tatami. Et Charles me regardait sans savoir si j’étais une bonne ou une mauvaise nouvelle.

    Je le fixais sans cligner des yeux et c’était le presque le seul à ne pas oser se toucher. Et il me demande si j’ai peur…

    – Bah tu pourrais avoir peur, continue-t-il avec son petit ton insupportable de défi froid. Quand on dessine, ce n’est pas un corps que nous avons devant les yeux. C’est une somme de ronds et de lignes, c’est un regard très technique. Tu n’auras pas le soutien de ton érotisme, ils te regarderont comme on ne t’a jamais regardé, ma pauvre.

    – Que tu crois. Vas-y, inscris moi. Et faudra pas faire le mec jaloux si tu vois que les étudiants lâchent leurs crayons et se relaient pour aller aux toilettes.

    Il tope, il rit et m’explique. Une séance de modèle vivant consiste en un certain nombre de poses, choisis par le modèle lui-même. Des poses esthétiquement intéressantes, asymétriques qui permettent d’agripper la lumière.

    Le jour J, je bois mon café dans ce petit atelier où se tassent des étudiants et des étudiantes d’archi et des beaux-arts. Quelques hommes et femmes qui doivent faire ça en dilettante : des proies faciles qui doivent venir mater gratos, ils vont en avoir pour leur temps libre. Charles qui range ses crayons par ordre d’intensité comme un gamin (je l’adore, mon Charles, avec ses manies à la con, comme quand il range mes plugs parallèlement les autres) et le prof, un peintre qui prête son atelier pour l’occasion.

    Est-ce que je projette comme toutes les gamines ou il flaire la perversité ? Pourquoi les artistes devraient tous avoir une vie sexuelle trépidante ? Si ça se trouve, c’est un type très chiant. Avec sa grosse barbe, ses yeux fous, son nez pété. Si ça se trouve. En tout cas, il me détaille depuis tout à l’heure comme si j’étais déjà nue.

    Alors que tout le monde discute, je commence à me déshabiller de façon très lente et discrète, comme une bombe qui va exploser en silence. Je suis bientôt en culotte et personne n’a rien remarqué. Putain, je suis trop forte.

    Une des étudiantes lève les yeux, tombe nez-à-nez avec mes seins et marque un léger mouvement de recul. Je colle mes pieds et me penche en avant sans plier les genoux. Je glisse mes doigts dans ma culotte et la fait glisser le long de mes cuisses. Je jette un coup d’oeil derrière moi et je vois qu’un petit binoclard suce sa mine de plomb avec langueur. Charles me fusille du regard.

    Non mais il a cru quoi, lui ? Je vais te la transformer sa séance, moi. Je vais donner un nouveau sens à la notion de modèle vivant.

    – Bon, on y va ! Pauline, quand tu veux. On va partir sur des poses rapides. Une minute. Deux minutes. Trois minutes. Après, on verra les poses longues.

    Je me mets face à mon binoclard et je m’accroupis. Les coudes posés sur les genoux, moue de petite brat. Jambes écartées, le sexe en suspension au dessus du sol, l’origine du monde en quatre dimension.

    – Top, 60 secondes.

    Le concert des mines de crayons joue sur le papier. Les yeux se transforment. Je suis scrutée, examinée mais force est de constater que je n’ai plus l’impression d’être une femme ou un être vivant. Ils m’habillent dans leur tête avec des drapés de leur choix, me mettent dans des décors que je ne vois pas. Mon binoclard, heureusement, n’arrive à rien. Il préférerait sortir sa queue et se branler, ça crève les yeux. J’en souris. Charles lui jette un regard discret et secoue la tête en levant un sourcil.

    – Deuxième pose. 2 minutes.

    Je prends une sorte de pose de déesse triomphante, très pudique mais je cambre mes fesses de façon suggestive, en regardant Charles. Il m’envoie un baiser imaginaire et se plonge dans mes seins avec un oeil de dessinateur industriel. Je souffle de colère.

    – Troisième pose. Ça va, Pauline ?

    – Oui, grave ! Je peux faire une pose de yoga ?

    – Tu es libre, c’est le modèle qui choisit, tant que c’est intéressant esthétiquement !

    De profil face au prof, je me mets en position du guerrier. Toute chatte dehors. Lentement, je me tourne vers le prof et je le défie du regard. Alors, monsieur le prof ? On reste professionnel ?

    – Très bien ça, Pauline. Trois minutes.

    Il me détaille les épaules. Le bassin. Il fixe mon sexe. Et… Rien. J’ai l’impression d’être un poulet mort dans l’atelier de Soutine.

    Sauf que…

    En réalité, cette sensation d’être une nature morte, c’est moi que ça excite.

    Chut.

    Non, arrête d’y penser. Trop tard. Pauline, arrête. Je sens que ça monte et que ça chauffe en bas. Pourquoi j’ai fait cette pose ?

    Non. Bordel.

    Je vais goutter sur le tapis si ça continue. Mes muscles se tendent en plus, trois minutes en guerrier I, c’est long. J’ai du mal à garder la pose.

    – Tu tiens, Pauline ?, lance le prof, d’un ton absent.

    – Oui, oui, Monsieur, tout va bien.

    Tu parles, je sens les gouttes de sueur qui perlent entre mes épaules. Ça chatouille. Au moins, on verra pas que je mouille. Les regards me transpercent et me détaillent avec une indifférence totale. Et cette indifference, cette chosification me met en feu. Je sens dans cette position mon intimité totale exhibée, mon épilation fainéante, l’air chaud du radiateur. La musique du prof, une espèce de truc tribal percussif me lancine salement.

    J’ai l’impression de sentir physiquement la lumière du néon posée au sol se reverber sur mon clito. Mais Pauline, bordel, tu vas te calmer, oui ?! C’est un fetish ça, « shamingly excited when being drawn » ?

    Je me fatigue. Pauline prise à son propre piège, comme d’hab. Rien que le mot piège se forme dans mon esprit et se métamorphose en goutte de cyprine qui perle sur mes lèvres. Je vais mourir. RIP moi-même. À l’aide.

    – Hé top, trois minutes. Repos, on souffle. Merci Pauline pour cette pose… intéressante.

    – Moi, je trouve qu’il gigote beaucoup, ce modèle, intervient Charles.

    À suivre.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 5 mois par Sacha.
    #77411


    Encore une chouette lecture. Merci

    Fesse-moi, si tu peux !

    #77415
    papy victor
    Participant


    tres bon recit bien écrit, je l’ai savouré avec delectation

    #77429
    Yves
    Participant


    Très beau récit, j’aime bien la façon dont Pauline décrit ses propres sensations…

    Mesdames, mesdemoiselles, mon propre plaisir passe par le vôtre

    Blog : histoires-jr33.blogspot.com

    #77450
    Sacha
    Participant


    Coeur avec les doigts, vous êtes adorables <3

     

    Très beau récit, j’aime bien la façon dont Pauline décrit ses propres sensations…

    J’ai adoré décrire ma montée de cyprine. Prochaine épisode, je vais raconter comme c’est bon de se faire fesser, et prochaine étape, je me trouve un dom pervers pour me mettre des coups de fouet.

    #77452
    Chelonia
    Participant


    C est très intéressant de dessiner des nues 🥰

    Mais je n ai pas eu la pose de guerrière 😂🤣🤣

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