Merci donc à Nush pour l’émission de vendredi soir dernier 23 février.
Je me suis toujours posé la question du sadisme dans la pratique de la fessée.
En revenant sur Sade et notamment sur “La Philosophie dans le Boudoir” (1795), qui se trouve dans ma bibliothèque, l’on comprend bien la portée philosophique de cet auteur maudit et méconnu :
« un seul moteur agit dans l’Univers et ce moteur c’est la nature ». Voilà à quoi ce résume sa philosophie.
Pour Sade l’expression de nos pulsions , impulsées par notre nature profonde ( inconscient), est non seulement autorisée mais aussi nécessaire plutôt que de les refouler.
Ce que j’aime chez Sade c’est sa modernité : il est contre la peine de mort , qui si elle peut exister dans la nature (dans un combat) ne peut pas être instituée par la Loi et être pratiquée à froid (après coup). Sa conception des rapports hommes-femmes est également extrêmement moderne car si il dit que les hommes doivent suivre leurs pulsions il en va de même exactement de même pour les femmes : il y a là un principe d’égalité très moderne.
Les principes philosophiques de Sade se basent sur un athéisme radical et militant (qui ne se retrouve pas vraiment dans la Révolution et encore moins sous l’Empire). Cette idée de suivre ses pulsions naturelles plutôt que de les nier ou combattre (comme le veut l’Église) est intéressante. Encore faut-il qu’il y ait cependant des limites à ces pratiques. Les interdits civilisationnels ( l’inceste , la pédophilie ) en sont mais c’est là ou le bât blesse car Sade n’est pas clair dessus ( la radicalité de sa philosophie le conduira en prison et notamment dans les asiles de fou comme à Charenton, sous tous les régimes, comme l’indique cette intéressante émission). L’on peut aussi considérer que le libre cours de ces pulsions n’ont de sens que si aux pulsions des uns correspondre les pulsions des autres ( en somme le consentement mutuel entre adultes éclairés qui est à la base de tout).
Bref merci pour cette émission qui fait réfléchir à nos pratiques.
Maitre des clés & fouetteuse en talons hauts et bas résilles
La poésie, l’amour des mots et leur musique si particulière.
Partager parce que c’est d’une beauté indicible.
Le péché
J’ai pêché, pêché dans le plaisir,
dans des bras chauds et enflammés,
j’ai pêché dans des bras de fer,
brûlants et rancuniers.
Dans ce lieu solitaire, sombre et muet,
ses yeux remplis de mystère j’ai regardé,
mon cœur dans ma poitrine, impatiemment a tremblé,
des supplications de désirs de ses yeux.
Dans ce lieu solitaire, sombre et muet,
je me suis assise près de lui, agitée,
sa lèvre, l’envie, sur mes lèvres a versée,
de la tristesse de mon cœur fou, je me suis libérée.
A l’oreille, l’histoire d’amour, je lui ai racontée,
je te veux mon amant,
je te veux, toi dont les bras sont vivifiants,
je te veux, toi mon amoureux fou.
Le désir alluma le feu dans son regard,
le vin rouge dansa dans le verre,
mon corps sur le lit doux,
dans l’ivresse trembla sur sa poitrine.
J’ai pêché dans le plaisir,
près d’un corps tremblant et évanoui,
Dieu! Je ne sais ce que j’ai fait,
dans ce lieu solitaire, sombre et muet…
Forough Farrokhzad
NB: cherchez sur le net la lecture de ce poème par Golshifteh Farahani à La Grande Librairie en mars 2024. C’est…. l’érotisme!
Très jolie célébration audacieuse de la sensualité féminine et d’une transgression des normes sociales. La poétesse y exprime avec une intensité rare un désir passionné et une quête de liberté, tout en défiant les conventions de son époque. C’est un hymne à l’émancipation et à la force de l’âme humaine. Très jolie poésie avec une exploration intime et sensuelle de la féminité, une révolution contre les tabous. Un hymne à la liberté et au désir qui donne des frissons, une transgression des normes sociales à travers la poésie, que dire de plus une très douce lecture appréciable ,J’aime beaucoup cette poésie. Merci pour ce partage Nush
J’ai acheté “Dico, fouet et fessées”. Déroutant, énorme et passionnant. Pas érotique du tout, mais plein de perles, presque trop. En vrac, le rétablissement caché de l’esclavage dans les colonies Française. Le patriarcat ultra lourd (France), la dépénalisation de l’adultère féminin en 1975 ? Le plus impressionnant fut la possibilité pendant plus de 600-700 ans de mettre ses enfants indisciplinés en maisons de correction jusqu’à leur majorité. D’où dans la très mauvaise réputation des “pensions” jusque dans les années 60. Aussi la punition publique des hommes cocus, si si, depuis l’antiquité jusqu’au moyen-âge. Et j’en oublie. Ouvrage difficile à lire en fonction d’une chronologie alphabétique avec pas mal de redondances, mais j’ai adoré.