L’une était blonde, l’autre était brune…

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  • #72325
    Nush
    Maître des clés


    Au premier regard elles ont su qu’elles étaient jumelles ‘de cœur’. L’une et l’autre se regardant d’un bout à l’autre de l’amphi, elles se sont reconnues ; aimantées l’une par l’autre, Marie la brune, posée et distante contrepoint de Claire la blonde, insoumise et familière.
    Tout ce qui aurait pu les séparer, les unissait ; et leur vie est passée devant elles : les amitiés partagées, les fous rires, les chagrins, leurs passions futiles (shopping outrancier..), leurs passions profondes (lecture forcenée…), leurs hommes, leurs enfants, leur métier, leurs disputes et réconciliations, leurs secrets ; tout ce qui fait d’elles à jamais des amies.

    Les quarante ans de Jean, le mari de Claire : préparer une fête, traiteur, musiciens de jazz, DJ, et pour se faire plaisir se vêtir. Claire voulait qu’elles aient la même robe, de couleurs différentes ; au fond, elles, qui s’étaient toujours ingénié à se différencier voulaient créer la surprise.
    Claire en doré et Marie en argenté, une impression étrange, cette ressemblance vestimentaire qui les unissait et créait le trouble autour d’elles.
    Une soirée réussie, papoter, boire un peu, danser, s’abandonner au rythme et jeter des turbulences lorsque toutes les deux dansaient grisées de son, ivres du désir qu’elles savaient créer…une certaine électricité, un embrasement. Elles avaient toujours eu cette complicité de peau, unique, incompréhensible ; elles attiraient les regards par leur chevelures si opposées, par leur énergie, leur beauté et la surprise de leur connivence.
    L’heure du cadeau annoncé : visiblement l’objet était encombrant et facilement repérable ; un tableau de très grand format. Après les applaudissements, les remerciements d’usage, Claire demande à Marie de l’aider à transporter l’objet jusqu’à la chambre.
    Après avoir calé le tableau contre un mur, entre fous rires et ivresse légère, elles s’affalent sur le lit pour se reposer.

    Acte1

    Jean entre, il est heureux. De sa femme, de leurs amis, de sa fête, de son cadeau surprise. Il regarde ces deux amies couchées en travers de leur lit, la blonde et la brune et est ému. Il le leur dit.
    Claire regarde Marie et instantanément Marie sait.
    Claire se penche, va fouiller en dessous du lit et ramène les cordes, leurs cordes.
    « Encorde-nous »….
    Elles font glisser leurs robes et nues, debout dos à dos, se collent l’une à l’autre. Et Jean contemple. Encore étonné de ces deux femmes immobiles, au regard effronté qui s’accomplissent dans cette demande. Il tourne autour d’elles les unissant dans cette cage étrange, sentant parfois le souffle de l’une, sentant parfois les soupirs de l’autre.
    Ses mains connaissaient intimement la peau de Claire et effleuraient maintenant la peau de Marie ; mais cela n’avait plus aucune importance, elles n’étaient plus qu’Une, et ses doigts et sa bouche parcouraient indifféremment cette femme multiple. Il n’y avait pas de force, pas de lutte, ils s’épousaient, ils s’abimaient dans la volupté et on entendait au loin le son étouffé de la fête qui continuait, des rires, mais ‘eux’’, ils étaient dans leurs désirs, dans l’accomplissement du rituel, dans leurs songes. Un tourbillon de sensations.
    Accepter l’immobilité commune, le lacis de corde, sa morsure, la difficulté de l’entrave ; mais encore la chaleur de l’autre, le sang de l’autre, la respiration, la cadence. Se sentir protégée, désirée non pas pour soi, mais pour ce qu’on devient, pour ce qu’on représente : une hydre. L’illusion, le mythe qui advient.

    Il s’éloigne un instant pour regarder.
    Deux femmes, nouées, leurs cheveux blonds et bruns emmêlés, leurs mains s’étaient jointes, leurs doigts entrelacés et comme un rappel de leur ressemblance, à leurs poignets les bracelets de cordes d’argent.

    Leur respiration s’était accordée et elles souriaient.

    Sculpture de chair face à toile d’encre.
    L’une était blonde et l’autre était brune.

    Acte 2

    Jean regarde et attend encore un peu. Le temps que sa rétine imprime définitivement ce qu’il a devant ses yeux ; et il défait….pas plus vite, pas plus qu’il n’avait pour parfaire l’Unité, sentant l’odeur de l’une et de l’autre, approchant ses lèvres de leur peau satinée, humant les cheveux longs de Marie, flattant les hanches de Claire.

    Toujours le bruit un peu lointain de la fête et là, là en ce lieu de l’intime se produisait un autre événement.

    Elles attendent, toujours dos à dos, et soudain la main de Claire imprime un mouvement doux sur le poignet de Claire qui se retourne et lui fait face. Elles se regardent. Elles savent.

    Leurs lèvres se scellent en un baiser doux, juste posé ; et soudain se transforme en un vrai baiser, de ceux qu’on sait singuliers, qu’on sait inoubliables. Elles ont toujours leurs doigts entrelacés, agrippées l’une à l’autre, leurs corps collés, légèrement luisants de paillettes dorées et argentées qui se sont mélangées.
    Un baiser qui durait depuis vingt ans, un baiser né de leur tendresse, de leur intimité.
    Claire connaissait leurs goûts et savait ce qui allait se jouer là, cette nuit ’rare et précieux’.
    Jean était à quelques pas d’elles, il s’approche de Claire et leur murmure de ne pas bouger : Claire pose le front sur l’épaule de Marie et… commence une sarabande de coups de cravache sur les fesses.

    Il tournoyait autour d’elles et abattait ses coups sur l’une ou l’autre indifféremment. Claire et Marie accrochées l’une à l’autre, essayant de tenir en équilibre, l’une dépendait de l’autre ; le plaisir de sentir la chaleur, les seins, la peau de l’autre et la brûlure cuisante des coups.
    Le plaisir d’être soudées, même dans ce rituel érotique, le plaisir qu’elles avaient toujours eu ensemble ; le plaisir de reconnaître intimement l’autre comme ‘soi’, comme un prolongement de soi, sauf que l’autre est une femme. Il n’y avait pas de rupture, c’était écrit depuis longtemps que cet instant aurait lieu et qu’il les souderait encore plus, qu’il les rendrait ‘absolument sœurs’.

    Le bruit, les soupirs, les gémissements, parfois les cris retenus. L’esquisse d’une cérémonie sulfureuse qui les emportait tous les trois dans l’épuisement probable de leurs sens.
    Les coups cinglants cessèrent et Jean s’éloigne. La tension était telle qu’elles restèrent ainsi collées de longues minutes, leur souffle devait retrouver le calme et la chair meurtrie un peu d’apaisement.

    Sculpture de chair ‘écarlate’ face à toile d’encre ‘fuligineuse’.
    L’une était blonde et l’autre était brune.

    Acte 3

    Elles déplient leurs corps : soulèvent ensemble leurs bras, prière. Leurs visages se détachent, sourire, les yeux voluptueux ; les reins encore cambrés.

    Marie se détache et se love sur le lit ; Claire vient se nicher au creux de Marie. Marie sent l’odeur des cheveux blonds, respire profondément ce parfum d’été et plonge son nez au creux de la nuque. Ses mains cherchent la rondeur des seins, les parcourent, les englobent, malmènent les mamelons. Elle entend la respiration saccadée de Claire, un ronronnement, une musique de désir. Le bruit au loin de la fête, des rires un peu plus forts.
    Jean revient avec une serviette mouillée, il passe doucement ce tissu sur leur corps en sueur, dissipant la chaleur.

    Jean se couche contre Claire, elle est abandonnée entre l’un et l’autre. Sa main caresse la taille, le ventre, la peau dorée et lumineuse. Il n’est que celui qui accompagne, qui regarde et rafraichit. Il est d’un regard, le complice de Marie, il est celui qui ‘abandonne’ mais aussi celui à qui est destiné cette farandole.

    Les jambes de Marie sont enchevêtrées dans celles de son amie et son ventre et ses seins, sa bouche et sa vulve luisants de sueur crient de plaisir. Rien de frénétique, juste un glissement progressif vers le vertige d’une jouissance, vers un régal voluptueux. Ses doigts glissent à l’intérieur de Claire, très doucement, entrent et sortent luisants de miel doux-amer. Souffle court et cœur battant la chamade, de tous, de lui, d’elles. Marie écoute le corps de Claire qui respire et vit de plaisir, qui s’ouvre et se ferme au rythme palpitant de ses doigts. Jean mêle ses doigts aux siens et Claire s’agrippe à lui essayant de retarder la montée inéluctable de son orgasme. Marie et Jean se regardent, sourire….et entendent le gémissement épuisé de Claire, son corps qui vibre et se pâme.
    Souffles haletants et cœurs battants, chuchotements et sourires, bouger à peine, partager.

    Sculpture de chair ‘opalescente’ face à toile d’encre ‘trouble’.
    L’une était blonde et l’autre était brune.

    Conclusion:
    Claire et Marie câlines : « Tu aimes ton cadeau ??? »
    Jean l’œil brillant : « Dieu qu’il est beau, il me comble…. »

    Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire .

    #72328
    Anonyme
    Inactif


    Joli texte, fort sensuel bien qu’un peu éloigné (quoi que…) du thème en ce qui me concerne… mais ce n’est là que l’avis d’un monomaniaque, hein;

    #72331
    Nush
    Maître des clés


    @stan tu sais bien que je suis toujours éloignée 🙂
    Je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi: il y a cravache sur les fesses donc le ‘thème’ y est.
    C’est long à lire car j’aime préparer l’histoire, instiller une ambiance et il est vrai que la punition n’est décrite que sur peu de phrases. C’est mon monde de l’écrit, ma manière. Inchangeable.

    Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire .

    #72332
    lunapower
    Participant


    Pfiou il fait chaud ici!

    C’est délicieusement écrit @falbalas, on ressent vraiment le truc entre la brune et la blonde 🙂

     

    https://lesaventurescuisantesdecamille.blogspot.com/

    #72333
    Anonyme
    Inactif


    Un bien joli récit en forme de triptique. Les oppositions , les contrastes, se rejoignent en une sorte de symbiose où l’on se demande où se situe le véritable centre. J’adore le style d’écriture et l’esprit de l’offrande. C’est visuel olfactif et plus que tout esthétique. Merci.

    #72375
    Biloba
    Participant


    Un tableau : les bougies d’anniversaire qui brillent dans le miroir de vos yeux, ce baiser éternel qu’aucune image ne vole, un souffle de cuir pour haler de l’avant, un galop de sang aux tempes sur la toile endormie et des larmes de joie, prêtes à l’incendie, au bout de ton pinceau. cRayon de soleil.

    #72540
    Docteur Clack
    Participant


    Superbe récit ! Quel beau cadeau pour ce cher Jean ! Présentez-nous vite Marie et Claire. S’il vous plait !

    #72570
    Nush
    Maître des clés


    Superbe récit ! Quel beau cadeau pour ce cher Jean ! Présentez-nous vite Marie et Claire. S’il vous plait !

    Je suis brune…

     

     

    Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire .

    #72571
    salamboflaubert75
    Participant


    Superbe récit ! Quel beau cadeau pour ce cher Jean ! Présentez-nous vite Marie et Claire. S’il vous plait !

    Je suis brune…

    Moi je suis blonde ^^

    Sal

    #72579
    Nush
    Maître des clés


    Superbe récit ! Quel beau cadeau pour ce cher Jean ! Présentez-nous vite Marie et Claire. S’il vous plait !

    Je suis brune…

    Moi je suis blonde ^^

    Il nous reste à retrouver Jean :-))

    Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire .

    #72658
    Docteur Clack
    Participant


    Je suis là ! Je suis là ! Enfin c’est John … C’est pas loin 😁

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