Faut qu’on cause de la chambre avant de continuer mon histoire parce que c’était le genre de chambre où dormir relevait de l’hérésie totale.
D’abord sa salle de bains était toute noire, carrelée du sol au plafond, même les vasques et la cuvette des wc avaient la couleur de l’encre de chine. Un mur de séparation y délimitait une zone de douche plain-pied, grande comme une piste d’aéroport, avec deux blocs douche rétro, façon année 30 : la fille de la réception a dû se dire que j’étais du genre à courir sous la douche ! Ça avait de la gueule…
Quant à la chambre, deux de ses murs étaient presque totalement recouverts de miroirs, ça offrait tellement de perspectives et de lignes de fuite qu’on se serait cru au MoMA, dans une œuvre d’art. Mais moi, la seule perspective qui m’a sauté aux yeux, c’est celle de mater le cul d’Alice, sous tous les angles !
Et puis j’ai imaginé son regard, honteusement à l’affût dans sa chevelure si dense, c’est sûr qu’en cachette elle ne raterait rien de nos fantaisies acrobatiques..
Le lit était immense, dans un coin trônait un fauteuil en rotin en forme d’œuf, suspendu au plafond. De l’autre côté, il y avait une table et le fauteuil sur lequel, Mike concentré, sculptait le gingembre, comme un Rodin magnifique.
Alice aimait la poésie, alors on lui a tendu les poèmes de Lou d’Apollinaire, pour qu’elle nous fasse la lecture.
On lui a aussi enlevé sa jupe, sa culotte et ses bas et puis poussé dans le fauteuil qui pendait, les pieds ramenés de chaque côté, comme une petite grenouille.
Elle était à demi nue avec son top noir et son collier de perles.
Sage en haut, indécente en bas : on fait pas les choses à moitié, mais presque finalement…
En portant le revers de sa main à sa bouche, elle a bien essayé de rechigner quand on lui a dit de bien écarter les cuisses mais elle a vite compris notre crédo : No pain / No gain !
Alors, elle les a écarter ses cuisses et elle nous l’a bien montré son sexe tout rose, le visage planqué derrière son recueil.
Et sa voix douce et cassée s’est mise à onduler timidement à l’assaut de cette poésie sublime, nous réduisant Mike et moi au silence avec sur nos visages, le sourire niais de ceux qui se sont absentés du monde.
On l’a laissé lire, même quand elle se trompait on l’a laissé lire. Il tenait du sacré son petit numéro, impossible pour nous d’y mettre fin…
Heureusement elle a fini par baisser le bouquin à la fin de sa lecture, sinon on y serait encore à la reluquer sous hypnose.
On s’est reclus dans nos grands airs de rustres mondains, fallait reprendre le contrôle !
Alors j’ai attrapé Alice par la main pour l’extirper du fauteuil d’où elle nous avait envoutés. On l’a plié en deux, Mike a écarté ses fesses d’un geste sûr et j’ai enfoncé le gingembre dans son petit trou pendant qu’elle protestait sans conviction. Ensuite, on lui a demandé de recommencer sa lecture.
On n’enlèverait le gingembre que lorsqu’elle aurait lu son texte à la perfection.
Elle nous a supplié pour commencer, les premiers assauts brulants du gingembre sans doute !
Et finalement, elle a dû comprendre qu’il ne fallait pas perdre de temps et elle est partie au charbon, d’un coup. Show time.
C’était surprenant parce que sa voix avait changé, elle était beaucoup plus volontaire, on sentait l’urgence et l’envie de bien faire.
Une voix presque autoritaire qui nous implorait avec les mots d’Apollinaire.
On lui a fait recommencé deux fois la lecture mais à la fin, fallait bien qu’on se rende à l’évidence : c’était magnifique !
La vie c’est comme une partie de pêche, on la tient au bout de sa ligne, parfois on prend du fil, parfois on en relâche, l’idée c’est que ça tienne…
Et là avec Alice, la vie nous avait offert une pêche miraculeuse, on se serait cru dans le Montana avec Mike, en train de taquiner la plus belle des steelheads, dans les remous de la rivière Madison.
No pain / no gain, elle l’avait bien mérité sa récompense, Alice, fallait qu’on lâche du fil…
Mike s’est assis sur le lit, moi sur le fauteuil.
J’ai mis en marche le wand (un gros jouet vibrant en forme glace) que j’ai tenu à bout de bras, devant elle, à hauteur d’entrecuisse.
Ensuite, je lui ai dit « Avance » pour qu’elle y ancre son sexe et obtienne la récompense qu’elle avait si bien méritée.
Elle m’a regardé avec un mélange de colère et de résignation mais il paraît que l’excitation est un désir qui foudroie toutes les gênes et brise toutes les hésitations. Et il rayonnait son désir à Alice, noir et indécent comme un soleil, j’en avais des sueurs.
Timidement, elle a fini par faire un pas, puis deux jusqu’à ce sceptre vibrant où elle s’est amarrée délicatement, en écartant les cuisses. Honteuse.
On lui a dit de ne plus émettre un son si elle voulait qu’on laisse le joujou à sa place. Elle a répondu par une grimace d’excitation et a obéi.
On l’a observé qui tordait la bouche, appliquée à contenir les ondes qui se répandaient dans son bas-ventre depuis l’épicentre entre ses cuisses. Deux ornithologues en amour d’une poule qui couvait un œuf vibrant, voyez le tableau naturaliste ?
Parce qu’il fallait partager, je lui ai dit de faire deux pas en arrière et j’ai passé le wand à Mike qui lui a fait signe de revenir se placer au mouillage sur cette bouée vibrante.
Et on a continué à jouer comme ça avec Mike, en se passant le wand comme si c’était un saint graal: Arthur et Lancelot attablés pour l’éternité.
A chaque fois elle déposait son sexe rose sur ce petit nid vibrant pendant quelques minutes, puis faisait un pas en arrière pour qu’on déplace le wand afin de pouvoir l’observer s’efforçant de s’y connecter à nouveau.
C’était fascinant comme elle nous obéissait, le visage défait par l’excitation et l’envie de jouir qu’on lui refusait.
Elle s’est même mise à sucer ses doigts on nous implorant des yeux.
Jouir ou ne pas jouir, telle était la question.
On s’est dit qu’il était peut-être temps de l’allumer ce feu d’artifice, elle l’avait mérité, non ?
Alors Mike a sorti le briquet et j’ai pris une bougie…
Faites de vos fesses le plus bel endroit de la terre...
Maitre des clés & fouetteuse en talons hauts et bas résilles
Première lecture pour appréhender le contexte. Deuxième lecture pour savourer l’histoire, le vocabulaire, le tempo.
Petite merveille d’écriture et probablement de vécu.
Donner à l’autre l’envie d’être un personnage et qu’on s’y reconnaisse pleinement c’est un talent.
Soudain, je me dis que Mike l’acolyte n’est pas mal non plus. Je me pose des questions sur lui. Est-il un peu taiseux, un peu bourru, un regard noir mais parfois curieux et intense ?
J’aime beaucoup les ambiances musicales et là, plutôt que de me faire accompagner par Miles et Coltrane dans Flamenco Sketches, c’est avec Motherless Brooklyn que je me suis bercé pendant que j’essayais de retranscrire avec des mots, ce moment parfait.
Merci pour vos commentaires !
Mike, un taiseux au regard noir et intense? Il y a de ça, assurément.
A deux, il y a pas un coffre qui nous résiste, vous êtes prévenus…
Faites de vos fesses le plus bel endroit de la terre...
Encore une fois j’adore !
j’ai commencé par découvrir la suite de la suite, puis j’ai rembobiné depuis le début avec régal.
A quand la suite de la suite de la suite ?
j’ai hâte…
https://sombressensuelle.blogspot.com/
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