Le secret le mieux gardé

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    Messages
  • #75005
    Nush
    Maître des clés


    On ne se promène pas impunément pas sur le web. Il y a toujours une idée sus-jacente. L’idée d’un érotisme relié à la rédemption et forcément à la punition la taraudait depuis un moment.

    Elle a trouvé un site dédié à l’éducation dite ‘anglaise’. Et elle a trouvé là, quelque chose qui l’intéressait, ni trop effrayant ni trop fleur bleue.

    Avant tout il s’agissait de découvrir, de lire et s’intéresser à cette pratique. Et comprendre que cela la touchait. Qu’elle pouvait en rêver et peut-être un jour se laisser tenter.

    Elle a commencé à faire quelques interventions, à lier des conversations écrites avec quelques personnes. Rien de bien consistant.

    Dans cette foule d’avatars, de pseudos, elle avait remarqué un personnage qui s’exprimait mieux que tous les autres, qui avait une forme d’humour léger et railleur qui la faisait sourire.

    Sa nature timide ne lui a pas permis de le contacter ; elle a attendu qu’il soit surpris et qu’il la contacte.

    Et commence alors une danse de mots, d’échanges épistolaires qui deviennent plus réguliers. Elle lui avoue qu’elle n’a jamais été punie et que son fessier n’a jamais subi l’outrage d’une fessée. Il lui propose une rencontre et une fessée. Elle a soudainement peur. Cet inconnu la tente mais c’est surtout un « inconnu ». Et il est pressé, trop pressé.

    Elle lui propose, comme une sorte d’évitement un défi : un an.

    Un an pour se reconnaître. Une rencontre ni trop lointaine, ni trop rapide. Elle est sûre qu’il refusera. Néanmoins, il accepte.

    La vie autour continue, leurs échanges sont irréguliers mais continus. Elle se dit parfois qu’il l’aura oubliée et que l’intérêt pour son cul sera passé. Elle l’espère presque.

    Après tout, cela est folie. Folie douce mais folie.

    Il lui demande une photographie. Elle lui envoie parfois un pied, une main, un décolleté. Parfois une nuque, un œil, une hanche. Un puzzle d’elle.

    Elle ne lui a jamais rien demandé de son physique. Ce n’est pas que cela ne l’intéresse pas, mais cela ne lui semble pas primordial.

    Elle préfère la voix. Ils se téléphonent parfois. Peu. Elle connaît sa voix et cette voix lui plait. Elle est juste. Juste dans le rythme et dans le ton. Cela lui plait et la convainc que probablement elle peut s’adonner à ces demandes. Il n’a envers elle aucune forme de requête. C’est bien plus subtil.

    Elle sait que la fessée, pour lui, n’est qu’une pratique parmi d’autres. Cela ne lui fait pas peur car il sait écouter et répondre à ses demandes à elle. Elle n’a jamais mis des sentiments amoureux dans ces échanges. Ne pas se perdre dans ce type de lien. Juste une forme de tendresse et de curiosité.

     

    Elle espère qu’il aura oublié. Après tout c’est long un an. Il coupe le contact. Pas très grave se dit-elle. Le destin. Des mois passent.

    Et soudain, un peu avant la date fatidique, il reprend le contact. L’a-t-il fait exprès ? Peu importe.

    Son exigence, un seul rendez-vous, masquée, pour que jamais elle puisse le reconnaître. Une expérience audacieuse voire radicale. La fessée et puis s’en va.

    Elle lui demande un temps de réflexion. Un week-end. Elle est face à ce qu’elle a provoqué, face à ses désirs, ses fantasmes, ses contradictions.

    Elle a peur. Elle a envie. Elle dit oui. Oui, comme une bravade.

    La possibilité d’un traquenard, d’une bouffonnerie, d’un homme dangereux ? Oui évidemment. Mais aussi la possibilité d’assouvir un fantasme et son désir. Elle met en place une petite sécurité dont il ne saura jamais rien. Et puis s’en va.

    Chemisier, jupe crayon, talons. Lingerie douce en dentelle. Une veste, quelques bijoux. Et puis s’en va. Lentement.

    Un hôtel, ni miteux ni trop luxueux. Il lui avait envoyé des consignes par messagerie. Entrer et placer le masque. Et le destin.

    Elle parcourt les couloirs avec appréhension. Il n’est jamais trop tard. Pour s’en aller, pour fuir. Mais après tout ?…

     

    Elle entre, s’assied sur le lit où il y avait un masque posé et le place sur ses yeux. La chambre est silencieuse et la couverture douce. Elle entend le souffle. Son souffle à lui. Et son parfum léger. Il se déplace doucement. Il pose sa main sur son décolleté et sa main touche sa peau. Un petit frisson.

    Et il parle pour la première fois. Elle reconnaît sa voix et se détend. Totalement. Elle décide de vivre pleinement ce moment unique.

    Il entrouvre le chemisier, écarte les pans de tissu. Il lui ôte sa jupe. Elle frissonne à nouveau. Il lui dit qu’elle est là pour être fessée et qu’il va bien le faire.

    Il la pose sur ses genoux, doucement caresse ses fesses et une première claque. Et une deuxième. Et d’autres encore. Beaucoup d’autres qui lui font mal. Et lui font du bien.

    Elle a envie de crier, se mord les lèvres. Crie. Et crie encore. Il lui dit (ordonne ?!…) de se taire. Elle essaye. Elle le fait. Elle a très mal. La douleur qui la soulage et la libère.

    Il a fini de la fesser. Elle a encore mal mais sait que cette douleur va s’estomper.

    Il l’aide à s’habiller car elle ne voit rien. Sa main chaude accompagne les vêtements qui la recouvrent. Elle frissonne. Pas de désir non, juste de bien-être.

    C’est ainsi que tout se termine. Il a posé ses chaussures devant elle et lui dit qu’il va dans la salle d’eau le temps qu’elle ôte son masque, remette ses chaussures et s’en aille. Peu de mots ont été dits. L’essentiel. C’était l’enjeu.

    Elle ôte le masque, remet ses chaussures, prend son sac. Elle part.

     

    Et soudain, il sort de la salle d’eau et la plaque contre le mur. Elle le voit pour la première fois. N’est pas vraiment surprise. Il a des traits fins et un très beau regard. Pas dur. Un regard juste. Comme sa voix.

    Et ils basculent dans autre chose. L’imprévu. Il la jette sur le lit.

    Il lui dit. Parce qu’il a besoin que ses yeux acceptent.  Il prend des liens et l’immobilise totalement. Une ombre qui frotte, frôle et serre. Et noue. Elle a peur, vraiment peur. Pas de lui.

    De l’immobilisation. Il sait que cela fait partie de ses phobies.

    Elle a peur de ce qu’elle va subir mais rapidement se relâche, se sent partir pendant qu’il ligote les cordages autour de son corps à moitié dévêtu. Elle sent son assurance et que rien n’est vraiment fait au hasard. Lorsqu’elle ne peut plus bouger il s’assied et contemple son œuvre la laissant s’apaiser et reconnaître ce plaisir inattendu de l’immobilisation. Rien n’est dit mais tout est là. Dans ce moment.

    Il défait les liens.

    Encore aujourd’hui elle ne sait pas vraiment comment ils se sont retrouvés sous les draps, à se toucher, se frôler, se sentir et finalement accorder leurs corps. Peu de souvenirs de cela ; probablement parce que ce qui se jouait là n’était pas de l’ordre du singulier. Juste deux corps en harmonie qui se reconnaissaient et s’entrechoquent.

    Une forme de plénitude, d’accomplissement corporel. La lenteur d’un moment avec la chaleur inattendue du printemps.

    L’apaisement. Ils se sourient et se parlent. Il lui propose d’aller prendre un café. Comme si c’était simple.

    Une terrasse ouverte sur la ville et du temps volé à discuter nonchalamment. De tout et de rien. Surtout de tout. Une conversation sans aucune gêne, fluide et intense, parfois badine. Ils se reconnaissent dans cette forme de complicité.

    Ils continueront à se voir parfois autour d’un déjeuner, d’un café. Toujours avec cette complicité étonnante et fluide.

     

    Elle est absolument certaine que tout ce qu’il advenu après la fessée n’était pas prévu. Qu’ils ne devaient pas se retrouver.

    A quel moment a-t-il basculé et a décidé de changer le cours des choses ? Elle n’en sait rien et ne lui a jamais posé la question.

    Ils n’en ont plus jamais parlé. Elle sait que parfois lorsqu’ils discutent, au fond de leurs yeux, l’image de cet après-midi leur revient. Mais rien n’est dit.

     

    C’est leur secret. Le secret le mieux gardé.

    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 2 mois par Nush.
    • Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 2 mois par Nush.

    Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire .

    #75017
    Titi
    Participant


    Quel récit somptueux, haletant. On a l’impression de le vivre ou de le revive pour certains sans doute. Tout est sans doute dans la nuance du consentement, du courage et de l’envie. Bonne nuit et merci Nush pour ce nouvel écrit plein de saveurs exquises et subtiles.

    Mains fines pour fesses délicates

    #75030
    Victor
    Participant


    Jolies lignes @falbalas ! C’est intrigant, sensuel. On se laisse guider facilement.

    #75032
    Manfred
    Participant


    J’aime beaucoup le rythme, ces phrases brèves, condensées. Bravo pour ce magnifique texte.

    #75050
    Sombrelle
    Participant


    wahou, j’en ai le souffle coupé! Merci @falbalas
    J’ai pris grand plaisir à te lire.

    https://sombressensuelle.blogspot.com/

    #75060
    Anonyme
    Inactif


    Un récit incroyable

    Une sacré intensité

    J’ai voyagée

    #75369
    Docteur Clack
    Participant


    Très beau récit. Empli d’images et de sensations. Bravo!

    #75370
    Lapponie
    Participant


    Wow, quelle texte magnifique.

    #75429
    Monsieur Haida
    Participant


    C’est super beau

    #75823
    Nush
    Maître des clés


    Je remercie infiniment les lecteurs et lectrices qui ont pris de leur temps pour apprécier et commenter ce récit très personnel.

    Etant le souvenir de ma ‘première fois’ il m’est particulièrement intime et précieux.

     

    Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire .

    #75829
    Thomas
    Participant


    Très beau récit, sincère et vivant, un grand bravo

    #75854
    Docteur Clack
    Participant


    Je remercie infiniment les lecteurs et lectrices qui ont pris de leur temps pour apprécier et commenter ce récit très personnel. Etant le souvenir de ma ‘première fois’ il m’est particulièrement intime et précieux.

    C’est une très belle première fois ! Bravo pour le feeling et la préparation qui ont donné cette réussite manifeste. Chapeau bas.

    #93898
    Yves
    Participant


    Très joli récit, Nush. J’aime assez ta façon d’écrire, c’est à la fois très lucide et très tendre, intime. Merci pour ce partage.

    Mesdames, mesdemoiselles, mon propre plaisir passe par le vôtre

    Blog : histoires-jr33.blogspot.com

    #93899
    Passionné
    Participant


    Superbe récit. Très tendre. J’ai été captivé du début à la fin.

    #93900
    Guruduth
    Participant


    Très beau et très juste récit que je découvre maintenant ! Merci pour ce moment sublimé !

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