Le masque et la clef

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  • #82247
    Sacha
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    Le drame. Le vrai drame intime. Symboliquement catastrophique et pratiquement bien emmerdant. Perdre des clefs, perdre nos clefs. J’étais vraiment pas doué, me disait Léa.

    Un jour, j’ai rencontré une de mes idoles de jeunesse, un écrivain dandy qui ne faisait plus qu’errer dans les rues du 5ème arrondissement avant de mourir. Quand je lui ai dit que je savais où il habitait mais que je n’avais jamais réussi à rentrer dans son immeuble pour aller le déranger à cause de la porte blindée, il s’était pleint de la façon dont aujourd’hui Paris ressemblait à une juxtaposition de coffre-fort. À Paris, les portes sont blindées et quand on perd une clef, on devient un clochard.

    Par ma faute, clamait-elle maintenant, Léa était une clocharde. Elle rentrait du travail, elle était exténuée et elle ne trouvait pas la clef que j’aurais dû, comme convenu, laisser dans notre cachette secrète (je vais pas vous dire où, non mais ça va oui).

    À l’heure de sa dramatique clochardisation (il pleuvait en plus, signe que le ciel et moi étions de mèche pour lui faire passer une mauvaise soirée), j’étais en train de donner une conférence et les messages s’amoncelaient sur l’écran de mon téléphone, parasitant sa présente fonction de chronomètre, me faisant bégayer et me perdre dans mes phrases. J’étais en train de discourir sur la rhétorique romaine et je voyais pleuvoir des messages au ton changeant. Accusateur, geignard, culpabilisateur, dramatiquement suicidaire : les clefs n’étaient pas là. Parfois, elle s’accusait elle-même sans y croire. Puis elle avait fini par admettre qu’il fallait appeler le serrurier, par ma faute. 300 balles pour fracturer une porte. Sans compter les futurs travaux de réfection. J’étais un rhéteur inconsistant, à qui on ne pouvait pas confier la moindre tâche.

    J’étais passablement paumé dans mes histoires romaines, entre Auguste et Germanicus, et j’avais l’impression que mon auditoire s’en rendait compte. Je bouillonnais et quand je bouillonne, je bégaie. Et je m’énerve. J’étais bien sûr de l’avoir foutu là cette clef.

    Dix minutes avant la fin de la conférence, je reçois un message : « Oups »

    Puis un autre, une minute après : « Je ne comprends pas. Elle était juste tombée derrière. Je comprends pas. Désolé. J’espère que je t’ai pas trop dérangé. Désolé, désolé, désolé » suivi de quatre émojis cryptiquement agencés pour signifier la honte, la joie et le désir de se faire oublier.

    Quelques minutes plus tard, je termine ma conférence et je lance, dans la salle, le cycle des questions. Pendant que les mains se lèvent, je prends mon téléphone.

    « Attends que je rentre avant de rejoindre ta pote, ce soir. On va devoir discuter, je crois ».

    Immédiatement :

    – Je suis un peu pressée. Caro ne pourra pas rester longtemps.
    – Je m’en fiche. Tu préfères passer la soirée avec elle en sachant ce qui t’attendra quand tu rentreras ?
    – Heu, qu’est-ce qui m’attendra ?

    Je suis rentré et Léa n’était pas là. Un mot sur la table m’informait que Caro n’avait pas pu déplacer son rendez-vous après l’apéro et que m’attendre l’aurait mise en retard. Un nombre incalculable de désolés et de demandes de pardon souillait la feuille.

    Voyez, je suis quelqu’un qui a toujours considéré que la colère coûtait trop d’énergie à tout le monde. Et là, après avoir blablaté sur les stoïciens pendant deux heures, j’étais vraiment en colère. Genre, vraiment. Même après avoir mangé, fumé et écrit, j’avais encore l’impression d’être dans une salle d’attente fermée à clef. Ça me fait ça, la colère, ça me donne l’impression d’attendre sans savoir quoi.

    Là, en l’occurrence, je savais très bien ce que j’attendais.

    « Je t’attends », lui écrivis-je, à quoi elle me répond par une photo dénuée de commentaire : tout sourire à la terrasse de ce bar à vin qu’on connaît bien, derrière Bastille.

    Je passe un coup de fil à Théo, qui se trouve être le patron de ce bar à vin et un ami de fac.

    – Salut. Léa est chez toi ?
    – Ouais, elle est encore là. Tu veux que je te la passe ?
    – Non, non. Je te fais un Lydia pour régler son addition ?
    – Ah ah, grand prince, va. Ça va, elles ont pas pris grand chose.
    – Ouais, j’imagine qu’elle a l’appétit un peu coupé.
    – Elle est malade ? T’inquiète pour le Lydia, tu me paieras demain. C’est son anniversaire ? Je lui ramène une coupe avec une bougie dedans ?
    – Non, c’est pas son anniversaire. Disons que c’est un genre de fête. Mais ne lui dis rien, elle comprendra.
    – Ça marche, fratello. À demain.

    Je fixe la paume de ma main. Je sens la colère descendre d’un cran léger.

    « Je vais t’écrire un poème quand tu vas rentrer. Un poème terroriste. Un poème écrit par quelqu’un qui n’est pas d’humeur poétique »

    J’efface ce message. Contrairement à mon habitude, je n’ai aucune envie de faire descendre la température, cette espèce d’atmosphère tendue et glacée que j’espère bien avoir installée dans sa tête. J’ai envie de le toucher du doigt quand elle rentrera, ce sentiment de culpabilité qui a grandi comme une bulle de verre à partir de rien du tout. Elle savait que c’était important cette conférence. Et elle m’a quand même envoyé huit messages après que je lui ai juré que j’avais laissé ces clefs là où elles devaient l’être…

    Quand la porte s’ouvre, je suis au milieu d’une page, tout à autre chose, et j’ai presque un mouvement amoureux vers elle. Comment cela pourrait-être autrement ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre des clefs ? Je ne suis pas rancunier et je perds mon téléphone, mes clefs, mes idées, mon cœur et mes livres deux fois par jour en moyenne. Heureusement, elle ouvre la porte sans me regarder et se retourne pour la fermer, visiblement penaude. Elle fait ça plus lentement qu’elle ne l’a jamais fait. Ça me laisse le temps de ramasser le masque que j’avais patiemment construit et d’esquisser dessous un sourire de jouissance perverse.

    – Je te jure, je sais pas comment j’ai fait pour ne pas la voir. Je crois que j’étais trop stressée avec le taf. Désolé, chat.
    – Et tu as oublié ce que je faisais aujourd’hui ?
    – Non… Mais j’étais tellement stressée que…

    Je la coupe sèchement.

    – Viens ici. Je n’ai pas envie de discuter.
    – Non.
    – Pardon ?
    – S’il te plaît. J’ai encore de grosses marques.
    – Ce n’est pas de ma faute si tu fais des conneries plus grosses que toi, trois jours après avoir été trainer dans un donjon.

    Je n’avais pas encore vu ses marques. Je savais qu’elle avait honte de me montrer les marques que lui faisaient les autres. Je savais qu’elle avait honte de m’avoir dérangé, de s’excuser toutes les deux minutes, d’être angoissée quand elle est stressée, etc. Et ce soir, j’avais envie de jouer de cette honte comme d’un bel instrument à cordes et à cuir.

    Elle portait une robe de velours vert et, par-dessus, une espèce de chaperon noir à gros boutons dorés qui sentait encore la fripe. Madame est bien trop impatiente pour attendre de porter ses trouvailles. C’est dingue comme on peut trouver des raisons de fesser une jeune femme quand on est énervé.

    – Viens ici, Léa.

    Elle se présente devant moi et me regarde par en dessous. Je lui retire un à un ses boutons et jette le manteau humide sur le plancher. Encore habillée, elle croise ses mains devant son bassin, machinalement.

    – Pardon, murmure-t-elle. Excuse moi.

    Je la prends par le menton.

    – On ne dit pas « Pardon ». On dit : « J’ai conscience de t’avoir cassé les couilles et d’avoir dérangé dans un moment important. Accorde-moi ton pardon ».

    Sa lèvre du bas se tord et ses yeux brillent. Je suis si près d’elle que je vois dans cette couche de brillant le reflet du masque parfait et froid que je me suis composé. Je vois qu’elle hésite alors je la coupe :

    – Si tu dis encore une fois pardon, je te préviens, tu vas t’en souvenir.

    J’attrape sa main, qui a encore l’air de cacher son sexe comme si elle s’imaginait déjà nue. Je me laisse tomber sur le canapé et d’un mouvement sec, je la ramène sur mes genoux. Le mouvement a levé sa jupe à moitié sur ses collants et j’achève de lever la jupe assez haute pour révéler une part de son dos blanc. Cette chair découverte agit sur mon sang comme un incendie et, sous le masque, je sens mon sourire s’acérer.

    « Ça t’amuse de faire des allitérations ? »

    – Quoi ?! Répète.

    Elle tourne son visage vers moi, contrit, hésitant.

    – Mais j’ai rien dit…

    Elle l’a dit ou c’est simplement moi qui l’ai entendu ? Cette fessée me monte clairement à la tête. Elle me regarde, j’attrape son menton de ma main gauche.

    – Tu vas me regarder dans les yeux pour ta première série.

    Elle ne porte rien sous son collant qu’une peau merveilleusement douce et mate. Et à mesure que je frappe ses fesses, sa blancheur roussit et ses marques endormies se réveillent. Dix claques se sont abattues et ses yeux se sont arrondis un peu plus à chaque fois. Elle a attrapé mon poignet de sa main gauche et m’enfonce doucement ses ongles dans la peau. Je sens que sa paume est moite, que son geste est fébrile. Je sens la part de son corps qui a peur et celle qui n’en peut déjà plus. Je ferme les yeux un instant pour lire ma partition imaginaire et j’attrape de la main droite le collant, me réjouissant intérieurement de la différence de température entre son dos glacé et ses fesses déjà réchauffées.

    – Non, Sacha. Je ne veux pas que tu voies mes marques.
    – Tais-toi, Léa.

    Son corps est simple à manipuler et j’attrape les mains dans lesquelles elle a enfoui son visage. De l’autre main, je retire ma cravate au nœud défait et lui enserre les mains. Elle plonge son nez dans ses mains et, dissimulant la honte qui pourtant fait battre son cœur au creux de ses cuisses, inspire mon odeur dans le tissu. Je souris.

    Allongée sur ma cuisse droite, ses jambes coincées entre mes jambes, je lui presse le buste sur le canapé. Elle se plie en deux avec une résistance inutile et relevant ses fesses. Je lui descends son collant jusqu’au milieu des cuisses. Elle sert les fesses… Tellement, qu’elle en tremble.

    – Détends toi. Je vais inspecter tes marques.

    Elle gémit quelque chose d’incompréhensible. Je lui ordonne de répéter et elle souffle, pour la centième fois :

    – S’il te plaît.
    – Ne commence à faire genre, s’il te plaît. Tu as déjà mouillé ton collant.

    Ce n’est pas vrai mais quand j’en aurai terminé avec elle, elle ne pourra pas deviner que j’avais menti.

    J’enserre son corps pour être au plus près d’elle et je la fesse d’importance aussi fort que je le peux, plus fort que je ne l’ai jamais fait. Elle se cabre violemment, se débat et agite ses bras et ses jambes dans la toute petite mesure où cela lui est possible.

    Lorsque mon bras retombe, ses fesses sont tremblantes mais détendues. Elle respire de façon saccadée et son cul se soulève assez pour s’entrouvrir sans qu’elle n’y pense plus… Au moins quelques secondes. Je saisis ses fesses et les écarte doucement. De légères boursouflures rouges et roses, un bleu plus profond court depuis l’extérieur jusqu’à l’intérieur de ses fesses. Devant cette inspection, elle commence à agiter son fessier et à battre des pieds.

    Elle se débat avec tant de vigueur que je décide de ne pas retenir sa violence, que je ponctue simplement d’une ou deux claques sur ses fesses déjà rougies qui ont à chaque fois l’effet de raidir son corps l’espace d’un instant à chaque fois. Elle finit à force de ruer par se retrouver à plat ventre sur le parquet. Elle halète, elle gémit, elle s’énerve (elle me dit par-dessus mon épaule que je mets trop de verbe et je dois me retenir de m’interrompre pour me lever et la cingler encore, ma ceinture est toujours posée en évidence sur la table du salon).

    (Pour l’instant,) Elle est encore étendue de tout son long, à plat ventre et sa tête proche de mes pieds. Je me lève et lui ordonne de se mettre à genoux. Je referme mes jambes autour de sa tête, sans même effleurer son cou, sa tête comme prise dans des barreaux rigides. L’une de ses mains se pose sur mon mollet, doucement. Ma ceinture en lanières tressées fait de jolies marques baroques à chaque claque sur son cul : elle cache ses fesses et se masse entre chaque coup mais elle retire sa main à chaque fois. À la vingtième claque, un de ses gémissements se fait plus marqué et elle s’affaisse à plat ventre.

    – Sacha. J’en peux plus, souffle-t-elle, sans timbre.
    – Va chercher ton plug.
    – Non, j’en peux plus.
    – Je m’en fous. Moi, j’en peux encore largement. Je n’aime pas me répéter et je me suis déjà trop répété aujourd’hui.
    – Je sais pas où il est, maugréa-t-elle d’une voix différente, probablement déjà amusé par l’idée que je ne le trouverai pas sans son aide.

    Je fus tenté de me baisser pour empoigner ses cheveux et regarder au fond de ses yeux mais j’avais peur de fissurer mon masque. Ou de lui enfourner mon sexe dans la bouche. Le goût de la discipline m’avait, ce jour là, piqué comme une mouche folle et j’allais m’y tenir avec rigueur.

    Quand je revins quelques minutes plus tard, non avec le plug, mais avec un godemichet noir d’une taille totalement inadaptée aux acrobaties que j’envisageais, elle était assise sur le canapé, deux doigts sur ses lèvres, les jambes croisées. Je voyais dans ses yeux qu’elle cherchait sous le masque. Je posais le godemichet en évidence et je me dirigeais vers la machine à café. Pendant que le liquide coulait lentement, je me retournais vers elle :

    – Tu vas pas prendre un café à cette heure-ci ? Tu devais pas diminuer la dose ?
    – Je dois aussi arrêter de procrastiner les impôts et moins fumer mais ce soir, c’est de toi qu’on parle. D’ailleurs, non, on parle pas, lève les jambes en l’air.

    En dissimulant mon rictus, je me dirige en oubliant totalement mon café vers le canapé d’où elle s’est levée et d’un mouvement je l’y repousse. M’asseyant à sa droite, je lève ses jambes en l’air, révélant totalement ses marques et l’ampleur de son excitation. Ses mains sont coincées contre sa poitrine, liées entre elles et enfermées dans la cage de ses genoux.

    D’un doigt humecté, je parcours son intimité, ses lèvres désormais bien luisantes et j’arrête la pulpe de mon majeur sur son anus. J’ai déjà bien conscience que si j’élève la voix maintenant, je sonnerai bien plus comme un satyre haletant que comme un dom sérieux. Alors autant rester silencieux… Quand je fais pénétrer mon doigt, elle a un mouvement de contraction que je ne ponctue que d’un claquement de langue autoritaire.
    Écartant sa fesse d’une main, je pose sur son œil de bronze la tête du godemichet. Je crois, sans en être sûr, qu’elle a gémi avant. En tout cas, elle a gémi longuement pendant. Sous mon bras, elle était totalement immobile et ne pouvait bouger autre chose que son diaphragme. Ce qu’elle a fait jusqu’à ce que le godemichet ait totalement pénétré, avec force halètements. Elle a dû dire « pardon » encore mais vous savez maintenant que je ne suis pas homme à écouter ce genre de supplications simulées. Quand je me suis assuré que le godemichet tenait sans que j’ai besoin de lui prêter assistance, ce qui est arrivé assez vite après que je l’ai fait pénétrer en elle et ressortir quelques fois, j’ai retourné Léa à genoux sur l’assise du canapé, le dos cambré.
    Debout, j’ai attrapé ma ceinture et je l’ai cinglé dix fois avant quelque n’obéisse à mon ordre, de compter. Ce qu’elle a fait, jusqu’à cinquante. Le godemichet est presque sorti à quarante, ce qui n’a pas manqué de la faire geindre (ou gémir ? Le texte est bientôt fini, je manque de synonyme pour décrire la façon dont la chère Léa a exprimé pendant cette séance toute la gamme de bruits qu’elle fait avec son corps quand on le fesse, qu’on le prend par l’un de ses orifices ou qu’on le réduit à servir les intérêts d’autrui). Alors, je l’ai remis, doucement mais fermement, en posant une main sur le bas de son dos, en nage.

    Je ne sais plus combien de fois j’ai encore fait cingler ma ceinture sur son cul. Je ne sais plus combien de fois je lui ai refusé de se faire jouir. Quand elle a posé sa tête trempée de sueur sur ma cuisse et que j’ai bu mon café froid, j’ai repensé à cette histoire de masque. Je l’ai laissé m’embrasser, avec ses yeux fermés, et je l’ai portée jusqu’à son lit, toujours songeur. Et j’ai refait un café bouillant avant de sortir retirer les derniers morceaux de masque chez Théo en espérant qu’il ne poserait pas trop de questions sur cette histoire de fête.

    Texte totalement imaginaire. Ma porte s’ouvre avec un traditionnel système bobinette/chevillette.

    #82250
    Anonyme
    Inactif


    magnifique texte, bravo

    #82251
    Paulparis
    Participant


     Texte totalement imaginaire. Ma porte s’ouvre avec un traditionnel système bobinette/chevillette.

    Dommage ça sonnait bien juste !

    #82254
    Anonyme
    Inactif


    Super histoire! Bravo

    #82338
    Sacha
    Participant


    Texte totalement imaginaire. Ma porte s’ouvre avec un traditionnel système bobinette/chevillette.

    Dommage ça sonnait bien juste !

    Boarf, si ça se trouve, c’est vrai. « Je dis toujours la vérité. Même quand je mens, c’est vrai » (Annie Ernaux, Scarface, Gallimard, 2001, p. 44).

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 11 mois par Sacha.
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