La Métaphysique du Sexe
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- Ce sujet contient 15 réponses, 8 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par
Anonyme, le il y a 1 année et 12 mois.
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- 29 décembre 2021 à 15:10 #74244
Helena
Participant“(…) En règle générale, et sur le plan des données immédiates de la conscience la plus extérieure (mais non métaphysiquement, car nous verrons que, du point de vue métaphysique et subtil, c’est le contraire qui est vrai), on sait que chez la femme prévaut la prédisposition masochiste, chez l’homme la prédisposition sadique. Mais lorsqu’on envisage cet état d’identification et d’amalgamation des deux êtres – en l’absence duquel l’union sexuelle n’est guère plus qu’une rencontre en vue d’une satisfaction quasi masturbatoire, réciproque et solitaire -, le fait est que cette opposition est dans une large mesure surmontée. En réalité, le sadique sexuel ne serait pas ce qu’il est si la souffrance de l’autrui lui était complètement étrangère, si elle n’éveillait pas d’écho en lui; il s’identifie en fait à la souffrance de l’autre, l’aspire et l’absorbe, de sorte que celle-ci lui sert d’excitant, comme un facteur pour son propre plaisir exalté. Ce qui revient à dire que le sadique est aussi un masochiste, qu’il satisfait en même temps le besoin ambivalent de souffrir et de faire souffrir, cette opposition étant atténuée par la répartition extérieure en un sujet et en un objet. Cela vaut aussi pour le masochiste ou pour la femme: laquelle réalise en imagination et absorbe ce que l’autre fait ou éprouve en lui faisant mal, lorsque cela constitue pour elle un facteur d’ivresse. Il s’agit donc, dans une large mesure, de formes d’un plaisir “vicariant” à travers la souffrance. Dans la part de sadisme et de masochisme inhérente à une étreinte normale, agit effectivement cet “échange de fantaisies” que Chamfort a considéré dans sa définition de l’amour: comme pour alimenter réciproquement les potentialités d’autotranscendance. Cet effet est évident dans l’algolagnie, qu’elle soit active ou passive: parce qu’en règle générale, si la douleur est vécue comme plaisir, elle n’est naturellement plus douleur dans une sensation à sa façon positive, transcendante.
Il sera opportun d’indiquer brièvement ce qui, dans le complexe sadomasochiste, relève de la psychopathologie et de la perversion, et ce qui n’appartient ni à l’un ni à l’autre. La fait pathologique se vérifie lorsque des situations sadiques ou masochistes deviennent des conditions pour que le processus sexuel “normal” ait lieu. Pour prendre un exemple: si un homme ne peut parvenir à l’orgasme sexuel qu’en fouettant une femme – son orgasme n’étant, sur le plan du contenu, en rien différent de celui que connaît n’importe quel couple sans recourir à une quelconque complication -, il s’agit d’un phénomène morbide et aberrant, qu’il faut ramener génétiquement , cas par cas, à différentes causes qui ont peu d’importance de notre point de vue. Mais il en va autrement lorsque le sadisme ou le masochisme se présentent comme des hyperesthésies et des renforcements d’un élément potentiellement présent dans l’essence la plus profonde de l’eros. Alors les cas “pathologiques” ne représentent pas aberrations de l’instinct normal, mais des formes où sont précisément en lumière les strates les plus enfouies de cet instinct, latentes dans les variantes à régime réduit de l’amour sexuel. On peut reconnaître, à partir de là, une algolagnie utilisée, non de façon contraignante par des êtres pervertis, mais consciemment et par des êtres parfaitement normaux, pour obtenir une intensification, un prolongement dans une direction transcendante, éventuellement extatique, des possibilités comprises dans l’expérience sexuelle courante. ”
Extrait du livre “Métaphysique du sexe”, de Julius Evola
N’hésitez pas à commenter et à me parvenir vos pensées et opinions ^^
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Ce sujet a été modifié le il y a 3 années et 1 mois par
Helena.
29 décembre 2021 à 19:32 #74257Biloba
ParticipantMerci. Tout ceci est fort intéressant. On peut s’y retrouver, s’y perdre, mais je ne lis jamais les notices avant de prendre un médicament 🙂
29 décembre 2021 à 20:49 #74262JULIENM
ParticipantMerci Helena .
« présentation de sacher masoch » de Gilles deleuze exprime à peu près la même chose ( en plus clair ) .29 décembre 2021 à 20:56 #74263Manfred
ParticipantLe verbiage utilisé rendait ce texte un peu suspect à mes yeux… ce que m’a confirmé la lecture de la fiche Wikipedia de l’auteur. Le propos peut être inspirant, mais il n’a rien de scientifique, en dépit des trop nombreux termes savants distribués.
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Cette réponse a été modifiée le il y a 3 années et 1 mois par
Manfred.
30 décembre 2021 à 11:36 #74276Yves
Participantbonjour,
J’avoue un peu mon hermétisme par rapport à ce texte. Je ne suis pas de dernière génération mais il me semble que certains concepts sont un peu dépassés.
@manfred vous me rassurez quant au non fondement scientifique.
Mesdames, mesdemoiselles, mon propre plaisir passe par le vôtre
Blog : histoires-jr33.blogspot.com
30 décembre 2021 à 12:20 #74277Manfred
ParticipantMême si ce texte est hautement contestable, il a le mérite d’exister car j’avoue être déçu par tout ce que je trouve en contenu scientifique ou psychanalytique sur le sujet. Mis à part le texte originel de Freud (un enfant est battu) qui traite d’une seule typologie de cas, devenue finalement assez rare aujourd’hui, je reste sur ma faim. Cependant, je n’ai évidemment pas accès à tout ce qui s’est écrit sur le sujet.
30 décembre 2021 à 14:31 #74279Sacha
ParticipantLe verbiage utilisé rendait ce texte un peu suspect à mes yeux… ce que m’a confirmé la lecture de la fiche Wikipedia de l’auteur. Le propos peut être inspirant, mais il n’a rien de scientifique, en dépit des trop nombreux termes savants distribués.
Même si Evola est un auteur contestable à certains points de vue, j’ai quand même l’impression que le reproche de “non scientisme” est le moins sérieux qu’on peut lui faire. Les théories à prétention scientifique écrites à l’époque d’Evola ont, depuis, largement perdu leur crédibilité et le plan métaphysique sur lequel il situe sa réflexion dans cet ouvrage me paraît, au contraire, un gage de longévité.
D’ailleurs le verbiage que vous lui reprochez vient surtout des termes scientifiques de l’époque, non ?
S’agissant de votre interrogation sur le nombre de contenu relatif à la question, je me demande si ce n’est pas précisément le prisme psychanalytique et scientifique qui limite vos recherches : au contraire, les recherches tendant vers les notions d’archétypes (souvent qualifiées de “non scientifiques” parce que “non biologiques”) et les méthodes philosophiques sont probablement plus riches que les strictes recherches purement techniques.
“ N’hésitez pas à commenter et à me parvenir vos pensées et opinions ^^
C’est un texte que je trouve assez fascinant pour son postulat de départ, qui est celui de tout le livre dans mes souvenirs : la métaphysique du sexe est, pour Evola, la recherche d’une méthode, d’un savoir sur la dimension traditionnelle de la sexualité qu’il perçoit comme une façon d’unir deux individus dans leur essence profonde.
Evola a malgré tout cette tendance très scientifique (on lui reproche d’ailleurs souvent son “spiritualisme” mais pas assez la façon un peu bête qu’il a d’accepter les postulats scientifiques bidons de l’époque) de classer en pathologie des comportements qu’il déplore idéologiquement.
Il n’est pas “scientifique” dans la mesure où il s’attache à une connaissance qui n’obéit pas à des critères empiriques, objectifs mais à une approche essentielle et spirituelle de l’individu : je pense que quiconque a déjà vécu une profonde expérience sexuelle pourra être d’accord avec cette idée que s’il y a quelque chose de métaphysique, de sacré chez l’individu, la sexualité semble en être un des moyens d’accès.
J’aime bien son idée de condamner une utilisation masturbatoire de l’autre en lieu et place d’un véritable partage initiatique. Cette idée d’initiation, très chère à Evola, est également quelque chose que tout le monde ici peut partager, je pense : en entrant ici, on a l’impression de s’initier à un mystère, à quelque chose qu’on aurait pas découvert autrement.
En tout cas, merci d’avoir exhumé ce texte ! Mais dites nous, vous ce que vous en avez pensé ? 🙂
30 décembre 2021 à 15:38 #74281Manfred
ParticipantMon intention n’était pas de me lancer dans une critique circonstanciée du texte, je faisais simplement part du sentiment qu’il m’a inspiré, qui a provoqué un vieux réflexe acquis durant mes études : vérifier la source. Pour celui qui ne connaît pas cet auteur, ce qui était mon cas et je pense celui de beaucoup ici, le “verbiage” dont je fais part pouvait donner une fausse impression de rigueur scientifique. Toujours durant mes études, j’ai trop souvent lu des ouvrages qui cachaient leur insuffisance derrière cette pompe verbeuse. D’où ma réaction et ma volonté de contextualiser, certes un peu rapidement, cet écrit. Du reste, on trouvait déjà à l’époque des penseurs capables d’exprimer des idées complexes sans abuser de ce genre de termes.
30 décembre 2021 à 15:54 #74284Sacha
ParticipantMon intention n’était pas de me lancer dans une critique circonstanciée du texte, je faisais simplement part du sentiment qu’il m’a inspiré, qui a provoqué un vieux réflexe acquis durant mes études : vérifier la source. Pour celui qui ne connaît pas cet auteur, ce qui était mon cas et je pense celui de beaucoup ici, le “verbiage” dont je fais part pouvait donner une fausse impression de rigueur scientifique. Toujours durant mes études, j’ai trop souvent lu des ouvrages qui cachaient leur insuffisance derrière cette pompe verbeuse. D’où ma réaction et ma volonté de contextualiser, certes un peu rapidement, cet écrit. Du reste, on trouvait déjà à l’époque des penseurs capables d’exprimer des idées complexes sans abuser de ce genre de termes.
Je comprends votre sentiment, bien sûr 🙂 Mais en dehors des trois quatres termes un peu scientistes, qui sonnent fin 19ème, le reste se lit assez clairement, non ?
Deleuze a été cité plus haut et, dans le genre, Evola est bien moins abscons.
30 décembre 2021 à 16:13 #74287Helena
ParticipantMerci pour vos commentaires!
En dépit de ce qu’on peut penser de cet auteur, il faut chercher à “critiquer” l’extrait ou le contenu et pas l’auteur lui-même. C’est toujours un bon réflexe de s’informer sur les sources, mais il ne faut pas rester figé sur ça. Faut savoir aller au delà de ses premières impressions que Wikipédia peut nous donner, et se forger son propre opinion en le lisant.
Sauf erreur de ma part, cet auteur n’a jamais eu l’ambition ou la prétention d’être scientifique, il va jusqu’à critiquer la science dite profane. Son but, c’est justement d’expliquer les choses, ici le sexe, par une approche autre que l’approche scientifique dont nous avons maintes fois entendu parler. Ainsi, il ne me semble pas judicieux de le reprocher sur ce point. Il base sa pensée et son argumentation sur la philosophie et surtout la Tradition dans différentes civilisations et religions. Ses sources peuvent, bien sûre, être critiqués.
Quant au verbiage, ce n’est pas la première fois que je lis des livres où les auteurs décident d’exprimer leurs idées dans un langage un peu difficile à comprendre du premier coup. Je n’ai jamais compris pourquoi ils rendent si difficile la lecture. Néanmoins, cela me plait, on prend plaisir à la fin.
Je trouve ce livre plus intéressant et plus riche que les livres de sexologie aujourd’hui en vente partout. Je ne suis pas d’accord avec l’auteur dans tout les points qu’il aborde mais on apprends une autre façon de voir les choses, une façon non scientifique certes, mais c’est justement cela que je trouve captivant chez cet auteur. Je le cite ” la science de ce qui va au-delà du plan physique”.
Enfin, je peux comprendre que beaucoup de gens peuvent préférer une explication dite scientifique à une plus “philosophique” ou “spirituelle”.
30 décembre 2021 à 16:16 #74288Helena
ParticipantDu reste, on trouvait déjà à l’époque des penseurs capables d’exprimer des idées complexes sans abuser de ce genre de termes.
. Sauriez vous me dire lesquels, je serais intéressée !
30 décembre 2021 à 16:41 #74289Manfred
ParticipantJe ne me lancerai pas sur une critique philosophique du texte : je n’en ai pas la compétence. Toutefois, il m’a semblé d’emblée y trouver un essentialisme concernant l’homme et la femme qui a éveillé en moi une suspicion concernant le personnage, bien vite confirmée par la lecture de la fiche wikipedia. A sa décharge, il était courant de penser ainsi à son époque. Sur ce sujet en lui même, je n’ai pas d’exemple à proposer. Mais Camus m’a toujours frappé par la clarté de son expression, d’ailleurs raillée à l’époque.
30 décembre 2021 à 16:52 #74292Sacha
ParticipantMerci pour vos commentaires! En dépit de ce qu’on peut penser de cet auteur, il faut chercher à “critiquer” l’extrait ou le contenu et pas l’auteur lui-même. C’est toujours un bon réflexe de s’informer sur les sources, mais il ne faut pas rester figé sur ça. Faut savoir aller au delà de ses premières impressions que Wikipédia peut nous donner, et se forger son propre opinion en le lisant. Sauf erreur de ma part, cet auteur n’a jamais eu l’ambition ou la prétention d’être scientifique, il va jusqu’à critiquer la science dite profane. Son but, c’est justement d’expliquer les choses, ici le sexe, par une approche autre que l’approche scientifique dont nous avons maintes fois entendu parler. Ainsi, il ne me semble pas judicieux de le reprocher sur ce point. Il base sa pensée et son argumentation sur la philosophie et surtout la Tradition dans différentes civilisations et religions. Ses sources peuvent, bien sûre, être critiqués. Quant au verbiage, ce n’est pas la première fois que je lis des livres où les auteurs décident d’exprimer leurs idées dans un langage un peu difficile à comprendre du premier coup. Je n’ai jamais compris pourquoi ils rendent si difficile la lecture. Néanmoins, cela me plait, on prend plaisir à la fin. Je trouve ce livre plus intéressant et plus riche que les livres de sexologie aujourd’hui en vente partout. Je ne suis pas d’accord avec l’auteur dans tout les points qu’il aborde mais on apprends une autre façon de voir les choses, une façon non scientifique certes, mais c’est justement cela que je trouve captivant chez cet auteur. Je le cite ” la science de ce qui va au-delà du plan physique”. Enfin, je peux comprendre que beaucoup de gens peuvent préférer une explication dite scientifique à une plus “philosophique” ou “spirituelle”.
Alors sans sortir du domaine des auteurs un peu controversés, “Sexe et caractère” d’Otto Weininger développe un peu la même idée, d’une réflexion sur ce qui permet de comprendre le genre et le sexe du point de vue de l’essence et non de la biologie.
Sinon, C. Jung est une perle sur cette question des rapports entre les sexes, sur la femme intérieure de chaque homme et l’homme intérieur à chaque femme (notamment “Dialectique du moi et de l’inconscient”). Et là, il n’y a pas le moindre embryon de verbiage 🙂
30 décembre 2021 à 17:12 #74293Helena
ParticipantAlors sans sortir du domaine des auteurs un peu controversés, “Sexe et caractère” d’Otto Weininger développe un peu la même idée, d’une réflexion sur ce qui permet de comprendre le genre et le sexe du point de vue de l’essence et non de la biologie.
Dans la “Métaphysique du sexe” Evola s’inspire énormément de Otto Weininger. Il a même traduit livre “sexe et caractère” en Italien. Néanmoins, ils me semble que sa lecture reste tout aussi difficile que celle d’Evola.
Merci pour Jung! Je metterai dans ma liste
18 janvier 2022 à 23:56 #74837Titi
ParticipantWaouh, quelle claque Héléna ! Merci de faire découvrir ce genre de texte car inculte, j’en conviens, je ne connaissais ni l’auteur ni certains mots comme algolagnie dont j’ai dû aller apprendre la définition. Ça semble idéal avant d’aller dormir. Dans la même veine, pour soulager certains troubles de l’endormissement, je conseille “Critique de la raison pure” du grand Emmanuel Kant à lire en allemand de préférence. Si certains trépignent d’impatience, je pourrais en mettre quelques extraits dans la section “Causons d’autre chose”. Bonne nuit à toutes et à tous.
Mains fines pour fesses délicates
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