Du changement place Vendôme

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9 sujets de 1 à 9 (sur un total de 9)
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  • #90736
    Victor
    Participant


    Du changement place Vendôme

    Depuis que nous avons remis notre copie au Premier ministre, l’Exécutif tient bon. Des associations luttent vent debout pour réduire ce projet de loi à néant. Elles le qualifient d’archaïque et de rétrograde, sans parler du trop grand nombre de questions d’éthique qu’elles entrevoient. D’autres militent pour le vote. Elles voient en ce projet une solution viable. Elles plaident pour le désengorgement de l’administration pénitentiaire. Elles souhaitent une alternative aux peines inefficaces dont s’émeuvent régulièrement d’autres associations dans des cas de récidive, par exemple. Des politiciens de tout bord s’affrontent sur la question. Certains débats sont houleux et passionnés tant dans les hémicycles que dans l’opinion publique. 

    Le sujet a dopé les ventes de toutes les gazettes. Ayant participé à la rédaction du projet, j’ai dévoré tous les journaux ces derniers temps. Le projet a dépassé les frontières et certains pays réfléchissent à l’adoption d’un texte similaire. Lorsque je l’ai pu, je me suis rendu au Palais Bourbon et du Luxembourg. Les échanges et l’observation des jeux politiques furent passionnants. Le texte est allé et venu entre les chambres. Les navettes se sont enchainées et les négociations sont allées bon train entre les partis et le gouvernement. Il a su cadrer les débats pour qu’une version finale soit votée ce soir et ainsi éviter la déroute.

    J’assiste donc au vote depuis les gradins visiteurs. C’est un véritable succès. Tout est adopté, même le processus de recrutement des geôliers spécialistes auquel je souhaite maintenant postuler…

    ***

    Plus jeune, je me voyais bien commissaire de police. Alors, j’ai commencé mes études par une petite année de droit. Quelle déconvenue ! Trop compliqué, trop de textes enchevêtrés, pas assez de pratique. L’image du commissaire de série TV s’était révélée être le plus grand bobard de la création cinématographique de tous les temps et cela m’avait sapé moral. J’ai tout de même bien voulu continuer d’apprendre. L’Homme me fascinait — son cerveau surtout. Je me suis bien accroché et finalement j’ai obtenu un master de psychologie — haut la main d’ailleurs. 

    Les questions de sexe m’ont toujours passionné. Qui plus est, compte tenu de mes penchants BDSM. Plutôt sadique le garçon, si vous voyez ce que je veux dire. Je me suis spécialisé dans les questions sexo et après quelques années, en France comme à l’international, auprès d’éminents spécialistes, j’ai rejoint une équipe pluridisciplinaire en libéral qui cherchait un sexothérapeute. J’ai trouvé rapidement ma place et nous avons régulièrement publié des articles dans de grandes revues de médecine, l’équipe étant conduite par un couple de psychiatres réputés et professeurs à la faculté de médecine. En quelques années, nous nous sommes forgé une solide réputation et avons acquis un riche savoir-faire vis-à-vis du milieu BDSM entre autres. 

    Notre cabinet a été approché par le gouvernement pour le conseiller sur un projet de loi, celui-là même que j’évoquai tout à l’heure. Il était déroutant, mais passionnant. De hauts fonctionnaires nous ont incités à répondre à un marché public en vue de cette mission. Nous l’avons obtenu.

    Avec une de mes collègues, nous avons intégrer l’équipe responsable de la rédaction. Nous avons été briefés et après quelques cours de droit civil et pénal pour rassoir quelques fondamentaux, nous avons été présentés au gouvernement. Notre mission était de conseiller et d’orienter le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Justice sous couvert du ministre de la Santé, dans l’écriture d’un amendement majeur au Code pénal. L’idée du projet était de mettre en place légalement des solutions alternatives ou complémentaires aux peines de prison afin de réduire les temps de séjour. 

    De longue date, le système carcéral est engorgé. Les maisons d’arrêt se remplissent plus vites qu’elles ne se vident. Les juges ont du mal à prononcer des mandats de dépôt compte tenu de la surpopulation de ces « maisons ». Le taux de récidive ne cesse de croitre. Bref, il fallait une solution pour donner un peu d’air à l’institution et faire en sorte que les peines prononcées soient exécutées dans les plus brefs délais.

    Le gouvernement étudiait deux solutions : des peines sexuelles légalement encadrées et le rétablissement de châtiments corporels. 

    Pour la partie sexuelle, il était question de proposer à des détenus, sans distinction de genre, de pouvoir « s’adonner » au tournage de films érotiques, voire pornographiques, à thème BDSM punitif non simulé. Cette orientation devait permettre aux condamnés de toucher de confortables salaires tout en dormant en cellule. Leurs émoluments seraient alors prélevés en vue de payer au plus vite de lourdes amendes. Ainsi les détenus éviteraient la liquidation de leur patrimoine et le retrouveraient à leurs sorties de prison.

    D’autre part, en vue d’une réduction de peine, les politiciens envisageaient de pouvoir soumettre les volontaires à toute une myriade d’actes sexuels diligentés par des professionnels de l’institution judiciaire et pénitentiaire en vue d’une réduction de peine. Une heure de sodomie par un geôlier équivaudrait par exemple à 3 jours de prison ferme standard. 

    Pour la partie châtiments corporels, les ministres souhaitaient pouvoir proposer aux condamnés qui voudraient réduire leurs temps de séjour un éventail de châtiments plus ou moins durs dans l’intimité d’une prison, dans un établissement spécifique de jour, ou en place semi-publique. L’idée de la place semi-publique était d’ajouter une grande composante d’humiliation tout en réservant ces « spectacles » à un public adulte, bien entendu. 

    Les fessées et autres traitements punitifs s’inviteraient donc « dans » les tribunaux. 

    Nous devions aider les rédacteurs à établir une table de correspondance entre les peines alternatives et le temps d’enfermement substitué. Notre expérience était requise pour l’établir le plus justement possible en tenant compte des conséquences plus globales pour la personne punie puisqu’il ne s’agissait pas d’un cadre récréatif — bien au contraire.

    Ce projet me plaisait bien et ne me choquait pas. Si je devais avoir affaire à la justice un jour, je serais rassuré de pouvoir écourter mon incarcération plutôt que de moisir de trop longues années dans une ennuyante cellule surpeuplée.

    Pour que le projet puisse passer sans que l’on crie au scandale, nous avons rapidement orienté le gouvernement vers le volontariat des condamnés. En matière sexuelle, l’atteinte d’un sujet non consentant transformerait l’État en criminel ; en matière physique, en dictateur barbare. Cette notion de volontariat permit de souder l’équipe et le gouvernement pour la suite de la mission.

    Le ministre de la Justice avait demandé de séparer le texte en 2 parties : d’une part le traitement des peines dmoins de 2 ans et d’autre part, les autres. 

    Pour les plus courtes, il souhaitait pouvoir disposer d’alternatives à la prison ou réduire drastiquement les temps de séjours. Ainsi toute condamnation de moins de 2 ans serait systématiquement et prioritairement proposée avec une alternative sexo-corporelle en établissement de jour ou en place semi-publique et en liberté surveillée.

    Par exemple, pour une délinquante dont la peine serait une petite année de détention, le juge recommanderait sans détour de commuer l’incarcération en 4 mois de liberté surveillée sous suivi GPS, avec obligation de pointage et fessée en public quotidienne. Il pourrait réduire la peine à 2 mois en complétant les châtiments par un devoir d’ébats avec le personnel, à la suite des fessées, mais dans l’intimité d’une geôle dédiée.

      D’autre part, pour une criminelle, que l’on enverrait derrière les barreaux pour 5 ans par exemple, le magistrat proposerait directement que la demoiselle tourne en tant qu’actrice dans des films X, 4 jours par semaine et qu’elle soit soumise le reste du temps à des séances de fessées. Ainsi sa peine serait réduite à 3 ans d’incarcération sexo-corporelle…

    (A  suivre…)

    #90743
    Cyrille Francillon
    Participant


    J’aime beaucoup ce récit fictionnel qui prend garde aux détails. Je vais suivre 🙂

    #90766
    Dyonisos
    Participant


    sujet intéressant qui pourrait bien peut-être un jour revenir vraiment sur la table !

    En tout cas à Singapour c’est la loi des châtiments corporels à la cane dîte anglaise pour les délits et c’est un régime républicain parlementaire. Il est vrai aussi que la peine de mort (que je réprouve) y est malheureusement encore appliqué pour les crimes  dont le trafic de drogue.

    J’ai moi-même écrit un roman sur un thème similaire (la S.F.I.D à lire librement sur Atramentra) qui est l’histoire de Georges, jeune homme en recherche d’emploi, embauché dans une entreprise particulière avec un management particulier, si vous voyez ce que je veux dire.

    Dans la vie, mieux vaut avoir des remords que des regrets !

    #90776
    Cyrille Francillon
    Participant


    Bonjour Dionysos, j’ai cherché sur Atramenta la S.F.I.D. mais aucune oeuvre n’est remontée. Elle est à quel nom ? Merci d’avance.

    Rectification : J’ai trouvé, c’est excellent !

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 10 mois et 3 semaines par Cyrille Francillon.
    #90778
    Paulparis
    Participant


    Bonjour Dionysos, j’ai cherché sur Atramenta la S.F.I.D. mais aucune oeuvre n’est remontée. Elle est à quel nom ? Merci d’avance. Rectification : J’ai trouvé, c’est excellent !

    Vous êtes plus doué que moi. Je n’ai pas trouvé

     

    #90779
    Cyrille Francillon
    Participant


    Il vaut mieux faire une recherche par le mot clef “fessée”, et normalement ça sort dans la liste.

    #90780
    Paulparis
    Participant


    Trouvé ! Mais je connaissais déjà cette oeuvre qui avait été publiée par épisodes sur un site… ancêtre de celui-ci et dont j’avais dégusté avidement la publication !

     

     

    #90795
    Victor
    Participant


    Le soir même, nous recevions les compliments de Matignon. Et le lendemain aux aurores, un de ses conseillers me réveillait et m’envoyait une luxueuse 508 pour que je puisse déjeuner avec le conseiller à la justice. Il m’expliqua entre deux croissants qu’il déclenchait la première tranche optionnelle de notre contrat. Il fut bref mais des plus clairs : « Vous avez carte blanche. Nous suivrons les dépenses, mais n’ayez crainte. Dans trois ans, les peines sexo-corporelles doivent être appliquées — partout sur le territoire. Ordre du Premier ministre. Vous pouvez disposer ».

    On me remit une lettre de mission et les clés d’un bureau, place Vendôme sous tutelle de la chancellerie. Je me passionnai pour le sujet. En 6 mois, je recrutai, au sein des écoles de police et d’administration pénitentiaire, une dizaine de professeurs pour former les futurs geôliers. Et un an plus tard, grâce au concours des ministères partenaires, nous accueillions dans une extension flambant neuve de l’école nationale d’administration pénitentiaire (l’ENAP) la première promotion de ces nouveaux bienfaiteurs.

    J’avais rapidement pris conscience de la réelle puissance de l’État. Il disposait de ressources et d’un pouvoir d’influence complètement hors normes. En quelques coups de fils, Matignon m’avait recruté une solide équipe acquise à notre cause. Je disposais d’un soumis et d’une soumise, d’un maître et d’une domina, d’un artisan maroquinier, d’un ébéniste spécialisé, d’un photographe, d’une productrice de cinéma pour adultes, d’un acheteur, d’une chargée de communication, de plusieurs secrétaires, de médecins, et même d’un ferronnier. 

    Le ministre de la culture m’avait introduit auprès de réalisateurs et producteurs de films X. Celui de la Santé avait mené plusieurs études psychologique et dermatologique pour définir la puissance des sévices à appliquer. La Justice nous avait fourni une tribu de volontaires pour la formation des novices et avait supervisé l’extension de l’ENAP. Et Beauvau, enfin, assurait pour le compte de la place Vendôme, l’aménagement de loges disciplinaires au sein des prisons et préemptait des locaux en ville pour exécuter les peines semi-publiques.

    La machine s’était mise en marche avec une facilité déconcertante. En dix-huit mois, nous avions complété la formation des professeurs, et tous les aspects matériels et logistiques suivaient leurs cours. L’école avait été ré-équipée pour ses nouvelles missions. La production de bancs, cages, liens, badines, fouets, ceinture, paddles, machine à baiser, caméras, et autres piloris était en cours et supervisée par nos conseillers maroquinier, ébéniste et ferronnier, tous Meilleurs Ouvriers de France. Nous recevions régulièrement des groupes de magistrats pour leur présenter les peines applicables et discutions de leurs modalités d’application. Bref, les services étaient en pleine synergie.

    Le concours de recrutement des futurs Geôliers en charge des peines Sexo-Corporelles (les GSC) avait été un véritable succès. Plus de 5 000 policiers, gendarmes, militaires et surveillants pénitentiaires en poste depuis 5 ans au moins, hommes et femmes, s’étaient portés volontaires pour les quelques 600 places à répartir in fine sur le territoire national.

    Je reçus les 1 000 volontaires les mieux classés dans le grand amphi de l’école pour achever la sélection. Le ministre de la Justice m’accompagnait. Il avait relu mon discours. Il l’avait voulu ferme et, sans détour, pour être certain qu’aucune erreur de recrutement ne soit commise. Avec une immense fierté, je le prononçai, moi, simple consultant : 

    « Monsieur le Ministre. Mesdames, Messieurs,

    Au nom du ministère de la Justice, je vous félicite pour votre parcours. Vous êtes aux portes d’une formation exceptionnelle et unique au monde. Certains d’entre vous seront les 600 premiers Geôliers en charge des peines Sexo-Corporelles du pays. À l’issue de votre cursus, celles-ci seront prononcées afin de réduire les temps d’incarcération des condamnés et de vider nos prisons.

    Vous aurez le devoir de conduire des détenus dans des studios de photo et sur des plateaux de tournage de films X pour qu’ils encaissent divers actes sexuels ou qu’ils reçoivent des châtiments corporels tout en étant filmé et photographié. Vous aurez parfois la charge de tourner dans ces productions pour infliger ces actes et châtiments sans la moindre retenue. 

    Vous aurez le devoir de pénétrer par vos propres moyens et/ou à l’aide d’accessoires certains condamnés. 

    Vous aurez le devoir et le plaisir de fesser, et d’appliquer des coups de fouet, de cravache, de paddle, de ceinture, de martinet, de canne, de verges, de badine, de tawse et autres nombreux instruments sur la peau de certains détenus — qu’il s’agisse de leur dos, de leur poitrine, de leurs fesses, de leur sexe, de leurs cuisses ou de leur plante de pied.

    Nous comptons sur vous pour appliquer ces châtiments avec toute la conviction que cela nécessite pour anéantir en eux tout risque de récidive. 

    Mais d’abord, il reste une épreuve de sélection et un classement final pour déterminer qui rejoindra ou non la première promotion des GSC de France. 

    Nous tenons à ce que vous connaissiez l’effet des peines que vous aurez la charge d’appliquer. Ainsi, au cours de votre formation, vous alternerez la position de geôlier avec celle de détenu. Un semestre en cellule. Un semestre à tenir le bâton. Un trimestre, puis un autre. Aucune exception ne sera possible !

    Vous devez savoir ce que cela peut faire que de :

    • dormir en maison et d’être traité comme un détenu ;
    • tourner une scène pornographique à contrecœur ;
    • se retrouver nu sur internet ;
    • se prendre une fessée et des coups sur le reste du corps ; 
    • se faire prendre et frapper en public. 

    C’est la moindre des choses que vous devez aux détenus dont vous aurez la charge. 

    À toutes fins utiles, sachez que vos professeurs ici présents ont expérimenté la chose.

    Alors à présent, si vous n’avez pas le courage de vous prêter à l’exercice, démissionnez maintenant et émarger le registre en sortant certifiant que vous ne présenterez plus jamais ce concours ! »

    Environ 200 sortirent, grommelant, protestant et traitant le ministre de fou furieux. Enfin, ma secrétaire m’apporta la liste des 800 restants classés. Je la confiai au chancelier qui se chargea d’appeler solennellement les 600 premiers, un à un en complétant l’énoncé de leur nom et prénom d’un « reçu ». 

    (À suivre…)

    #90801
    Dyonisos
    Participant


    Effectivement Paulparis, j’ai publié la S.F.I.D au départ sur le site de josiplegall. Et l’excellent récit de Victor fait appel à la même thématique des châtiments corporels rédempteurs mais avec en plus les sévices sexuels qui ne sont pas ma tasse de thé (je préfère les plaisirs sexuels o:)

    Dans la vie, mieux vaut avoir des remords que des regrets !

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