Discipline — Pour mieux chasser mes vieux démons

[Victor]

Discipline — Pour mieux chasser mes vieux démons

J’ai de vieux démons. Je n’en viens jamais à bout totalement. Certains me hantent. D’autres pourraient me causer du tort ou même causer préjudice aux autres – réellement. Je sais les affronter et les affaiblir. Pourtant, je ne les ai jamais vaincus à plates coutures. 

J’ai fait le tour de la question. J’ai besoin d’aide. J’ai besoin d’aide pour les chasser. J’ai besoin d’une méthode radicale. J’ai besoin d’un suivi et d’attention pour mieux combattre ces infâmes parasites.

J’ai appris à vivre avec certains bourrelets. Et pourtant, encore aujourd’hui, lorsque je m’assois, je me penche sur ma panse, je la prends entre mes mains, et je compte les plis : un… deux… trois… Mais quand vont-ils disparaitre ?! 

On me dit que je me fais trop de bile. On me dit, avec amour et humour, que mes poignées d’amour ne sont que des poignées d’amateurs, qu’on ne peut s’y agripper qu’en les pinçant trop fort. On me dit que j’ai trop d’exigences. Qu’importe ! L’image est gravée. Elle est presque indélébile. J’aimerais qu’elle s’efface, cette image de malheur. Elle m’obsède. Et, je sais bien que sans être mannequin, ce n’est pas demain que je détrônerai Moby Dick. 

Maudit cerveau ! Maudit démon !

 

En face d’une glace, je ne vois que ça : ces maudites poignées ! Avec un pantalon un peu ample aux hanches,  j’ose entrevoir la victoire. Par contre, en athlète, en top serré et legging  ajusté, je ne vois plus que ces maudites poignées ! J’aimerais les dissoudre, les raboter ou les découper. Pourtant, je connais parfaitement la stratégie du vainqueur. Lâcher prise ! Et sinon… courir ! Courir plus ! Courir davantage ! Manger moins ! Moins de cochonneries ! Moins de Ferrero Rocher ! Moins de gras ! Moins de sel ! Moins de sucre dans le thé vert ! Boire plus ! Plus d’eau ! Plus de thé vert ! Moins d’alcool ! Moins de bières ! Moins de bulles ! 

Maudite Fainéantise  ! Maudit démon !

 

Je conduis. Je conduis beaucoup. J’ai un téléphone greffé au corps — du moins, trop quand  je suis au volant. Et les fautes s’accumulent. En vacances, toujours au volant, j’ai mon smartphone dans les mains, trop souvent quelques secondes de trop. J’ai souvent envie d’ouvrir une page rose et de céder aux caprices de l’instant. J’ai envie d’aller voir si un message m’attend quelque part. J’ai envie de satisfaire ma curiosité : vérifier une information, regarder un prix, une disponibilité d’article, des heures d’ouverture… J’ai envie d’envoyer un SMS. J’ai bien envie parfois de lancer une musique du fin fond de mes playlists. Et je dévie. Je traverse une ligne blanche. La voiture vibre. Je redresse sa trajectoire. Je relève les yeux. Je freine. Je freine fort. Je manque le carambolage. C’était moins une ! Encore une fois, irresponsable !

Envies futiles ! Maudites envies ! Maudits démons !

 

Je le sais. Je dois faire mieux ! J’ai besoin d’un choc, d’une attention marquée et suivie. J’ai besoin d’une autorité supérieure  et de m’y soumettre. J’ai besoin qu’on me guide et de ne plus décider. J’ai besoin qu’on prenne l’ascendant, qu’on me reproche mes péchés, et qu’on m’atteigne pour m’émouvoir et mieux  me corriger.

Chasser ces vieux démons me satisfera bien plus que de laisser libre cours à mes bêtises. Alors, je m’abandonne. Je renonce au contrôle. Je laisse la main. J’accepte de me confesser. Une voix  sure et affirmée, des  mots durs et choisis me feront regretter mes péchés. J’accepte les punitions. Je renonce à dire stop. J’accepte la discipline. Les mots et les maux de peaux me feront progresser. Je pleurerai de honte, de douleur, de déception et de repentance. Ce n’est là qu’une étape. Je grandirai pourvu que l’amour soit de la partie.

Alors, que les grondements m’atteignent ! Qu’un déculottage dévoile honteusement mon cul ! Qu’une rageuse fessée s’abatte dessus ! Que mon armure rompe !  Que mes fautes se  dissipent au coin ! Et qu’enfin, ces démons passent à trépas !

[Nush]

Vous faites un récapitulatif des deux catégories auxquelles on est le plus soumis (soumises, mais le sens ici en serait perturbé) : le corps et les réseaux sociaux.
Nos travers sur un plateau pour dominant. Nos travers pour une résolution par la pratique.

Les vieux démons d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier.
Pourquoi pas ? Après tout, est ce moins bien que la poussière d’un meuble, que le riz trop cuit, que la réponse trop argotique, que les crises de colère ?

La discipline est le don. De mon point de vue, accepter la discipline est un véritable don. Car cela va souvent à l’encontre de nos principes d’individualité, car c’est aussi s’abandonner à des reliquats d’une morale d’un autre temps.

Mais c’est ma liberté de m’y adonner. Mon opium.

 

Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire .

[Auteur]

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