Derrière les rideaux … un ailleurs – 4ème partie

Accueil Forums Discussions générales Récits Derrière les rideaux … un ailleurs – 4ème partie

4 sujets de 1 à 4 (sur un total de 4)
  • Auteur
    Messages
  • #52193
    Marc
    Participant


    1ère partie 2ème partie 3ème partie

    Quelques jours s’étaient écoulés depuis le rêve qui, émotionnellement, avait perduré longtemps dans l’esprit de Clémence. Elle avait eu un plaisir fou à remettre son short jaune, caressant doucement en souriant sa cuisse nue plusieurs fois par jour, comme pour se replonger dans l’état qu’elle avait ressenti alors. Il y avait un avant et un après ce rêve, comme s’il avait servi de catalyseur à quelque chose qui avait été enfoui en elle, très loin, qu’elle regardait parfois, mais en détournant vite les yeux. Recevoir une fessée. Autrefois, les images qui se formaient à l’évocation de cette pensée étaient lointaines, floues, comme observées avec une vieille lunette de marine dont les verres se seraient abîmés avec le temps. Et lorsqu’elle ressentait un drôle de frisson dans son dos et que se soulevaient des papillons dans son ventre, elle les chassait de son esprit en essayant de se concentrer sur ses cours. Mais ces pensées s’étaient faites de plus en plus pressantes et petit à petit elle s’y était abandonnée de plus en plus. Un jour, elle avait osé s’inscrire sur le forum qu’elle lisait depuis de nombreux mois. Au départ, elle avait cédé à sa curiosité, avait-elle dit à sa meilleur amie, uniquement par intérêt sociologique : « Tu comprends, il faut bien découvrir de quoi le monde est fait, même si c’est bizarre ! ». Et de citer ses autres recherches, notamment sur le Japon, où la sexualité s’exprime de mille et une manières surprenantes pour le monde occidental. Cependant, même si ce pays et ses mœurs la fascinaient effectivement, cela avait été une sorte de noyade de poisson : les eaux véritablement troubles qui l’attiraient et dans lesquelles elle aurait aimé plonger étaient bien celles qui venaient clapoter sur les rives du forum qu’elle fréquentait. Cela l’avait beaucoup rassurée de découvrir que d’autres personnes partageaient cela. Se sentir hors normes avait procédé à tenir à distance ses fantasmes, et le fait de ne pas se sentir seule, de savoir que d’autres vivaient cela lui avait fait pressentir la subjectivité des normes établies. Celles-ci pouvaient donc être remises en question sans provoquer un effondrement total. Alors elle s’était rapprochée petit à petit de ses pensées, la lunette de marine s’était éclaircie, comme réparée, et elle se trouvait bien avec ce qu’elle y découvrait. Et puis, un soir, lors d’une soirée avec sa meilleure amie où l’absorption d’une vodka orange avait participé à la fluidité de leur conversation, celle-ci lui avait lancé, alors que leurs propos avaient dérivé vers la définition de leur idéal masculin :
    – Bon, Clémence, toi, au fond, ce que tu voudrais, c’est qu’il puisse te donner une fessée, non ?
    – Euh … n … non … avait-elle timidement rétorqué.
    – Hum … tes joues sont rouge écarlate, alors tu dis « non » mais tu penses « oui » ! Ecoute, quand tu me parles de tes « découvertes sociologiques », le périmètre m’en parait relativement restreint, tu ne me fais presque que parler de ce forum que tu m’as montré l’autre jour !
    – Oui, bon … tu as raison … mais … tu … tu ne trouves pas ça … anormal ?
    – Oh, tu sais, moi, la norme … Tant que tu ne te fais du mal ni à toi ni aux autres … Et puis, moi, tu sais, pendant qu’on en est aux confidences …
    Clémence avait été soulagée par ces échanges avec son amie. Elle ne lui en avait jamais parlé jusqu’à ce jour, et le fait qu’elle ne se sente pas jugée lui avait enlevé un grand poids. Et puis elle aussi lui avait exposé ses fantasmes, ce qui avait participé à la rassurer. Et c’est comme si tout cela avait participé à rendre ce rêve possible.

    * * *

    Ils avaient longuement échangés. Clémence avait parlé à Marc de ses difficultés d’étudiante, les cours à réviser, le travail à la bibliothèque, son manque de motivation. Et de ce dont elle aurait eu besoin pour ne pas dériver. Et puis tout s’était accéléré.
    – Bon, Clémence, tu me regardes dans les yeux, maintenant.
    – Je … je n’en ai rien à fiche !
    – Ah … Mademoiselle Clémence verse dans l’insolence …
    Marc avait insisté sur le « Mademoiselle », ce qui singulièrement avait rendu mal à l’aise la demoiselle en question. L’utilisation de ce terme un peu suranné avait rajouté à la solennité de l’instant, tout en le teintant d’ironie.
    – Moi, insolente ?
    Clémence, en réaction, avait fixé Marc droit dans les yeux, le défiant du regard.
    – Tout à fait. Et puisque tu ne sembles pas comprendre les mots … tu ne vas pas couper à l’autre mode d’explication dont nous avons convenu tous les deux.
    – Ben, je voudrais bien voir ça !
    – Oh, tu vas plutôt sentir …
    – Ah ! C’est du parfum ?
    La joute verbale continuait. Clémence ne se reconnaissait pas elle-même, répondant à Marc, le provoquant, comme si son désir était de le pousser à bout, d’aller enfin voir ce qu’il y avait de l’autre côté du miroir, de l’autre côté des rideaux.
    – Très drôle. C’est moi qui vais te mettre au parfum, dirons-nous.
    – Ah, je suis heureuse que tu apprécies mon humour, et … Aïe ! Mais ! Ca ne va pas ?!
    Marc avait fait un pas de côté et avait claqué l’une après l’autre les fesses de Clémence.
    – Stop. Ca suffit maintenant. Tu viens avec moi.
    – Mais …
    Marc, sans un mot, avait saisi le bras de Clémence et l’avait emmenée vers le canapé. Il s’était assis et l’avait basculée sur ses genoux.
    – Mais … non ! Qu’est-ce que tu fais !?
    – Oh, je te couche en travers de mes genoux pour t’administrer la fessée que tu mérites, Clémence. Une fessée déculottée.
    – Eeeeeeh !
    Marc avait baissé le short et la petite culotte et les claques s’étaient longuement abattues sur la peau nue. Clémence avait battu des jambes, essayé de se protéger avec ses mains, mais en vain. Les deux poignets solidement maintenus au creux de ses reins, elle avait dû subir sa punition jusqu’à ce que ses fesses rougies la brûlent et qu’elle supplie Marc d’arrêter.
    – Marc … Marc … Arrête … s’il te plaît …
    – Ah … tu n’as plus envie d’être insolente ?
    – Non … non … par … pardon …
    – Bon. Mais pour que tu comprennes bien que ce n’est pas toi qui décides quand la punition s’arrête …
    Marc avait ponctué la fin de la fessée de trois ou quatre grandes claques qui avaient résonné sur les deux fesses en même temps, laissant Clémence pantelante. Et puis le silence s’était fait.

    * * *

    Clémence soupira et se laissa retomber sur sa chaise, regardant l’écran de son ordinateur. Elle avait enfin écrit le récit qui s’était imposé à elle depuis ces derniers jours et avait pris un plaisir extrême à le faire. Lorsque sa meilleure amie lui avait demandé, à la fin de la soirée, l’autre jour, si elle comptait faire une rencontre et oser parler de cela à un partenaire, elle avait protesté. Non, ce n’était qu’un fantasme, elle n’en parlerait jamais ! C’était simplement destiné à alimenter ses rêveries personnelles. Son amie lui avait alors répondu qu’à défaut d’en parler, elle pourrait toujours les écrire. L’idée avait fait son chemin, et, satisfaite d’elle-même, elle venait de relire le scénario et les dialogues qu’elle venait d’inventer. Par une étonnante mise en abyme, elle se fit la réflexion que ce faisant, elle avait en quelque sorte contrôlé sa propre perte de contrôle.
    Et puis Clémence avait imprimé son texte, s’était allongée sur son lit et avait lancé sur son téléphone Wish You Were Here, des Pink Floyd, qui avait résonné sur son enceinte connectée. Les solos de guitare l’avaient immédiatement entraînée dans un autre monde. Littéralement, elle planait. Saisissant son texte, elle avait commencé à le relire à haute voix, comme pour lui donner corps. Elle trouvait que les mots coulaient, l’entouraient de la même manière que les voix qui s’étaient enfin invitées dans la mélodie. Elle était bien. Les notes étaient à la fois calmes et intenses, douces et impétueuses. Dehors, il faisait presque nuit et seule des sombres lueurs bleues subsistaient à l’horizon. Le son d’un hélicoptère et de ses pales venait de surgir dans la musique, la transportant encore plus loin. Clémence avait lentement replié ses jambes et fermé les yeux. Imperceptiblement, sa main était descendue le long de sa cuisse, et elle avait une fois encore caressé l’endroit de la marque de son rêve … et puis la main était remontée … suivant la musique … elle se sentait enveloppée … sa main avait frôlé le dessus de son short … l’enceinte continuait à déverser les sons incongrus de l’album … des éclats de voix … puis de nouveau la guitare, la batterie … et les voix de nouveau … Clémence avait baissé son short … comme dans un rêve … comme si elle voulait enfin donner une suite au rêve qui la hantait depuis quelques jours … elle avait murmuré les dialogues, entrecoupés du leitmotiv de l’album qu’elle répétait sans cesse … Wish you were here … je souhaiterais que tu sois ici … et puis les dialogues s’étaient faits bribes … Clémence … tu vas être punie … ne bouge pas … tant pis … fessée … déculottée … la main s’était enhardie … et quand elle avait imaginé … ses mains solidement tenues au creux de ses reins … les claques … ses fesses rougies … elle avait joui …

    * * *

    Clémence était restée longtemps allongée, le corps détendu, l’impression d’avoir été projetée dans les étoiles. L’album s’éloignait vers la fin … quelque chose de serein l’avait envahie … cette sensation d’être en cohérence avec elle-même … et elle s’était remémorée le début de la chanson titre :

    So, so you think you can tell
    Heaven from Hell,
    Blue skies from pain.

    Alors, alors tu penses que tu peux distinguer
    Le paradis de l’enfer
    Les ciels bleus de la douleur.

    https://deculottees.fr/groups/petites-annonces/forum/topic/limaginer-sans-forcement-la-realiser/

    #52225
    Anonyme
    Inactif


    Mmmmmmmmmmh merci Marc…voici absolument le genre de textes que j’aime lire…C’est riche, élaboré, travaillé, creusé…Beaucoup de choses se jouent dans ce que vous exprimez et qui résonnent terriblement en moi…Pas une once de vulgarité, de familiarité et un style cependant évident. Vous en êtes à donner des complexes d’essayer de poster un babillage !

    ” Alors, alors tu penses que tu peux distinguer
    Le paradis de l’enfer
    Les ciels bleus de la douleur.”

    Et si le ciel bleu de la douleur n’était pas l’Eden que cherche Clémence pour s’y sentir mieux?

    #52394
    Anonyme
    Inactif


    Merci @marc-w pour cette quatrième partie toute aussi délicieuse à lire que les précédentes.

    #52428
    Marc
    Participant


    Mmmmmmmmmmh merci Marc…voici absolument le genre de textes que j’aime lire…C’est riche, élaboré, travaillé, creusé…Beaucoup de choses se jouent dans ce que vous exprimez et qui résonnent terriblement en moi…Pas une once de vulgarité, de familiarité et un style cependant évident. Vous en êtes à donner des complexes d’essayer de poster un babillage !

    ” Alors, alors tu penses que tu peux distinguer
    Le paradis de l’enfer
    Les ciels bleus de la douleur.”

    Et si le ciel bleu de la douleur n’était pas l’Eden que cherche Clémence pour s’y sentir mieux?

    Merci Pauline 🙂
    Pas de complexes à avoir, c’est en essayant que l’on avance !
    Qu’il y ait une recherche de paradis dans la quête de Clémence ne m’étonnerait pas au demeurant, même si la douleur n’en est qu’une des composantes et peut-être pas la plus importante 🙂

    Merci @marc-w pour cette quatrième partie toute aussi délicieuse à lire que les précédentes.

    Merci Sombrelle 🙂

    https://deculottees.fr/groups/petites-annonces/forum/topic/limaginer-sans-forcement-la-realiser/

4 sujets de 1 à 4 (sur un total de 4)
  • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.
PHP Code Snippets Powered By : XYZScripts.com