Il faut que j’écrive. Il faut que j’écrive tout, maintenant, vite. Avant que les derniers voiles ne se dissipent.
Quand je l’ai revue ce jour-là jamais je n’aurai imaginé ce qui vient d’arriver.
Et qu’est-ce que tout cela signifie ? ça n’a pas de sens…
Je pense à elle souvent. Je n’ai rien oublié.
Tout m’est revenu comme une vague, soudaine, inattendue, résurgence du passé réapparue en même temps qu’elle.
La voir allongée sur moi m’a profondément troublé. Le silence qui nous enveloppait, lourd de menace, comme l’annonce d’un orage d’été, semblait suspendre le temps.
Le bruit de la première m’a presque sorti de ma torpeur. Presque irréel son regard s’est mis à me scruter lorsqu’elle tourna la tête. Étonnamment il y avait plus de surprise dans mes yeux que dans les siens.
Avec la suivante son regard changea. Le mien se detourna et se mit à accompagner le mouvement de ma main, comme pour s’assurer de la réalité de ce qu’elle avait commencé.
Des dizaines et des dizaines, une pluie d’orage intense, et un rouge uniforme fascinant.
Elle n’avait pas detourné le regard, mais ses yeux fermés laissaient échapper quelques perles scintillantes.
La main ne faiblissait pas, aussi longtemps que dura l’instant. Le rouge devenait de plus en plus intense. Mais l’air chargé d’électricité devenait moins lourd, imperceptiblement.
Puis vint l’instant où tout disparu. D’un coup, sans signe annonciateur. Tout disparu, main, bruit, passé.
Ne restaient que les perles que je me mis à ramasser doucement.
« Je ne t’en veux pas. Quelque part je tiens toujours à toi, comme tu le disais toujours tu compteras toujours dans ma vie. Mais je devais le faire. Je ne sais pas encore pourquoi, et peut-être je ne le saurai jamais. »
Pourquoi est-ce que je me sens coupable ? Alors que c’est elle qui a expié ses fautes ?
La nuit les choses sont tellement différentes.
Je ne veux vivre que la nuit.