36…

[Eva]

 

Un regard échangé au restaurant, des mots sussurés au creux de l’oreille en sortant:
-tu auras ta fessée d’anniversaire…
Je souris et lui réponds :

-on mettra des bougies?
A cette évocation, mes seins se tendent, comme si de la cire chaude était entrain de couler dessus et un frisson me parcours les reins.
Alors que je me prépare,  que je passe ma lingerie et gaine mes jambes de bas , je me regarde.
Face au miroir, je me scrute. Je vois mes rondeurs trop prononcées sur les hanches et mon ventre, cette volupté venue de la maternité.
En posant une touche de ricil, je vois mes petites rides. Toutes les marques de mes sourires.
Une mèche de cheveux plus blancs qu’avant…
Je déglutis. Je me sens vulnérable… je sais déjà en voyant les instruments que je ne vais pas tenir longtemps.
C’est fou comme la guerrière peut plier face à elle même.
Je relève le menton, me met au défi.
C’est alors qu’il entre dans la pièce.
A son regard, je sais qu’il ne me fera pas de cadeau, ou si plutôt celui de ne pas m’en faire.
Lorsque je me couche, il saisit mes chevilles et me les verrouille ensemble avec un bracelet de cuir.
Je remonte mes pieds, dans une pose où mes talons aiguilles provoquent l’œil. Je me fais vénéneuse,piquante, provocante…
Il n’y aura pas de préchauffage à la main. Je suffoque directement sous les 36 coups de ceinture. Je plonge directement en nage, je coule. Je me dis que je ne vais pas tenir. Sa main m’agrippe les cheveux et ses yeux cherchent mon regard. Farouche, je le détourne.  J’ai envie de  cracher ma rage et ma fureur. Il attrape la cravache et je la sens effleurer mon corps. C’est l’ombre de son bras levé qui me fait plisser les yeux lorsqu’elle s’abat elle aussi pour 36 coups. Ça y est, je suis en brasse coulée. Mon souffle est plus régulier,  je me detends comme dans une bulle.
Lorsque le petit tuyau gainé de cuir qui est mon instrument fétiche entre en action, je ne compte même plus….
36 coups? Je ne sais même pas …
Il est minuit lorsque je me relache enfin dans ses bras, pour une longue étreinte et de doux baisers langoureux. Il aura allumé dans ma tête 36 étoiles et m’aura fait voir 36 chandelles….et ça y est c’est un autre jour. En route pour les 37…

• Ce sujet a été modifié le il y a 2 années et 5 mois par Nush.

Se révèle être "comme une boule de flipper,qui roule qui roule...".

[Nush]

J’aime beaucoup le début de ton récit. Il y a là quelque chose qui me parle profondément. Le constat d’un corps qui change et l’insécurité que cela génère.

Mais ce texte est avant tout le récit d’un cadeau. D’un cadeau particulier et douloureux.
Mais la douleur, pour nous, est une offrande. Et tu auras été couverte de son hommage à tes 36 ans.
Et 36 tellement de fois…

Cette photographie si belle et si simple. On peut presque voir votre connivence.

 

Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire .

[papy victor]

excellent recit eva  ——

[Auteur]

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