Répondre à : Avez-vous déjà vécu un petit raté ?

[Moonsub54]

@monsieurmechant votre récit m’a bien faite rire et bravo pour la narration.

Ma seule mésaventure, bien mièvre comparée à ce qui a pu être décrit dans ce fil, réside dans un instrument oublié.

J’avais emmené ma chère voiture pour son entretien annuel. Installée confortablement dans la salle d’attente avec mon petit café, j’observais nonchalamment la fin des opérations. Il ne restait plus que la pression des pneus, cela avait été rapide finalement. Je contemplais le jeune mécanicien, admirant la rapidité et la dextérité du professionnel comparées à mes pauvres prestations dans le même exercice. Quand soudain un profond malaise m’étreignit… Le coffre, pourquoi donc ouvrait-il le coffre???

Oh non, la roue de secours!!! Non, non, pas ça…
Ma chère cravache, que je cachais là puisqu’étant toujours mariée, à cette époque-là, à un homme autre que celui en charge de ma discipline, était, fidèle à son poste, placée religieusement sur la dite roue.

Je me redressai sur ma chaise, avalant difficilement la boule qui avait subitement envahi ma gorge et tentant de garder un semblant de dignité. J’eus l’impression que la scène devant mes yeux se déroulait au ralenti. Le jeune homme fut d’abord interdit, sidéré, puis reprenant a minima ses esprits, baissa rapidement le coffre pour me fixer, me dévisager d’un regard plus qu’interrogateur. Tel un ange avec son auréole, j’essayai de feindre l’innocence. Seul le rouge qui se répandait de mes joues à mes oreilles et mon sourire des plus crispés trahissaient la honte qui ne cessait de m’envahir à chaque seconde. Décidée à ne pas perdre la face, je lui fis un petit signe de tête accompagné d’un haussement des deux sourcils, comme pour lui demander s’il y avait un souci. Il me regarda, ses yeux se dirigèrent vers le coffre puis il secoua la tête, eut un petit sourire en coin et retourna à la fameuse roue.

L’incident était clos. Je laissai échapper le souffle que j’avais retenu tout ce temps malgré moi et observait mon environnement pour déterminer combien de personnes avait été témoin de mon immense moment de solitude. Déjà que je ne faisais pas partie de la clientèle habituelle de la marque avec mon compte en banque ridicule…

Le chef d’atelier m’appela. Je le rejoignis, sourire poli bien en place pour régler la douloureuse. Il m’accompagna ensuite à mon traitre de carrosse, un drôle de sourire aux lèvres (le petit jeune avait déjà dû causer…). Il me souhaita un bon retour et précisa, de manière un peu insistante, que ce serait un plaisir de me revoir très bientôt à la concession. Heureusement, qui dit voiture de qualité, dit peu de visite à l’atelier en dehors de la révision annuelle.

L’histoire ne dira cependant pas, de quel côté de la cravache ces messieurs m’avaient placée (sans doute pas du bon, 😉 ).