
Aléra (Don Brennus) • La Flagellation passionnelle
Paul Guérard, alias Don Brennus Aléra, est un auteur et éditeur français du début du XXe siècle, spécialisé dans la littérature érotique et plus particulièrement dans les récits consacrés à la flagellation. Ses ouvrages, souvent publiés de manière confidentielle, s’inscrivent dans la lignée des écrits libertins du XIXe siècle, combinant descriptions détaillées et une certaine forme de stylisation romanesque.
La Flagellation passionnelle, paru en 1906, est l’un de ses ouvrages les plus emblématiques. Ce roman explore l’univers du fétichisme de la fessée et de la flagellation à travers une série de chapitres thématiques (. Il met en scène des personnages pour qui la punition corporelle devient un moyen d’exaltation des sens et de raffinement des plaisirs. Le récit, bien que marqué par une certaine théâtralité propre à ce genre littéraire, reflète aussi les mœurs et fantasmes d’une époque où de telles thématiques ne pouvaient être abordées que dans des cercles restreints ou sous le manteau. L’extrait suivant est tiré du chapitre IV, “La flagellation en Angleterre”.

La pudeur anglaise a d’étranges accomodements…
Il n’est pas exceptionnel en Angleterre que la fagellation soit employée pour corriger les kleptomanes, mais le but poursuivi n’est qu’un prétexte qui permet aux exécuteurs d’assouvir leur passion favorite.
Trois négociants étaient associés pour l’exploitation d’un important commerce de nouveautés, d’objet d’art et de luxe comme en tiennent les gigantesques bazars parisiens. La féerie des étalages agit là-bas, comme chez nous, sur la convoitise de beaucoup de femmes, et certaines, qui pourraient sans la moindre gêne acheter ce qu’elles volent, sont possédées par une manie qui leur fait attacher seulement de l’importance à ce qu’elles dérobent.
Les vols devenant de plus en plus nombreux dans ce magasin, les trois associés établirent une surveillance plus étroite et leurs inspecteurs ne tardèrent pas à prendre sur le fait deux femmes élégantes, distinguées, vêtues d’étoffes somptueuses, et couvertes de bijoux.
Comme elles étaient jolies et bien faites, les commerçants s’avisèrent qu’il y avait moyen de sauvegarder les intérêts de leur commerce de telle façon que leur sensualité y trouvât son compte.
Les deux kleptomanes, fouillées, furent trouvées en possession de bracelets et de dentelles qu’elles n’avaient pas payés ; le vol était flagrant. Les trois directeurs se les firent amener et restèrent seuls avec elles.
Elles durent faire connaître leur identité ; c’était deux ladys portant des noms honorés dans la gentry londonienne.
Le plus éloquent des trois commerçants se chargea de leur montrer dans quel mauvais cas elles s’étaient mises, et leur donna à choisir entre la flagellation et une plainte en justice.
Les deux femmes gardèrent le silence, il fallut qu’on insistât auprès d’elles pour qu’elles fissent un choix. Quand elles furent bien persuadées qu’il n’y avait pas place pour une troisième solution, elles se soumirent, rouges de honte, à la correction.
Un des trois directeurs, qui semblait particulièrement excité par ces préliminaires se chargea de l’opération. Il s’approcha de la plus jeune des femmes, qui était élancée, svelte comme une éphèbe, retroussa ses jupes sur ses épaules et rabattit le pantalon. Des dessous luxueux apparurent, découvrant des jambes rondes gaînées de soie et chaussées de souliers fins, et ce fut un spectacle curieux que celui de cette femme en toilette de ville, qui avait conservé son chapeau et ses gants et dont les fesses, petites et fermes, se présentaient à nu.

La fessée fut vigoureusement appliquée, mais les joues de la femme s’empourprèrent plus vite encore que sa croupe. Quand ce fut fini, la délicate lady alla se rajuster en toute hâte derrière un paravant.
Sa compagne, impressionnée par la scène qu’elle venait de voir et qui l’avait rendue à l’avance témoin de sa prochaine infamie, eut une révolte désespérée.
Elle était grande et forte, et échappa d’abord à l’exécuteur ; mais les deux associés intervinrent, plongèrent leurs mains tremblantes dans le fouillis parfumé des satins et des dentelles, et, pour la seconde fois, s’enthousiasmèrent à la vue des bas ajourés, des jarretières à fermoir d’or et des bottines à haut talons, souples comme des gants.
Les rotondités, qui attendaient la caresse cinglante de la verge, étaient opulentes, dodues et blanches ; la fustigation fut appliquée avec plus d’entrain encore que la première fois.
Les deux commerçants, qui avaient aidé leur associé, étaient gagnés par son excitation depuis qu’ils avaient mis la main à l’œuvre. Aussi, la leçon donnée, le trio s’empressa-t-il de se séparer.
Celui qui avait fouetté les nobles ladys courut chez lui ; il y trouva sa femme qu’il n’avait pas approchée depuis longtemps et la posséda sans délai. Le second rentra également chez lui où l’attendaient ses trois enfants, s’empara des verges et les fustigea immédiatement. Quand au troisième, qui était célibataire, il infligea à sa maîtresse une vigoureuse flagellation, qui raviva dans son cerveau le souvenir des deux clientes indélicates.
Celles-ci ne reparurent plus au magasin ; mais il en revint d’autres, et les trois associés profitèrent de toutes les occasions pour recommencer ; car il est infiniment plus agréable de fustiger une femme qui se rebiffe qu’une prostituée soumise à prix d’argent ; l’aubaine est plus rare. Chaque fois qu’ils eurent à châtier une cleptomane, la femme choisit la flagellation et chacun d’eux s’érigea à tour de rôle en bourreau.
Dans l’espace de deux années, bien des mistress, bien des ladys même passèrent dans le bureau directorial et y subirent le même traitement. L’histoire ne dit pas si elles furent guéries de leur funeste penchant ; il est probable que plusieurs furent au contraire encouragées à lui céder : n’oublions pas que nous sommes en Angleterre.
Pour poursuivre votre lecture
- Le texte intégral de l’ouvrage sur Gallica.
2 commentaires
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Fessochix
Remarquable ouvrage que “La Flagellation passionnelle” de Don Brennus Aléra ! Merci à Monsieur No d’avoir indiqué le lien pour l’édition gratuite de Gallica Bnf. C’est bien documenté et bien écrit.
Le chapitre sur le châtiment de deux cleptomanes est tout à fait plaisant. Une part d’imaginaire s’accommode fort bien de l’analyse de réels fantasmes et de la présentation de faits historiques.
Paulparis
Il ya peu, j’au vu le service de sécurité d’Intermarché interpeller une jeune femme qui manifestement n’avait pas réglé son dû. Mais l’histoire ne dit pas si elle fut ainsi fessée par le directeur … Dommage. J’aurai aimer savoir ….et assister.