Lettre trouvée dans un grenier.
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19 février 2020 à 09:04 #43202ConfessiusParticipant
Mon petit papa,
Excuse-moi de ne pas t’avoir écrit plus tôt et plus longuement, mais l’agitation de cette nouvelle vie malheureusement ne me laisse que très peu de moments pour correspondre de façon plus détaillée que je ne l’ai fait jusqu’à présent. Et pourtant si tu savais comme je pense à toi et aimerais être à tes côtés. Tout comme je rêverais de faire partager à maman tout ce que je vis. Cependant je suis sûr que là ou elle se trouve, elle nous regarde, nous comprend et veille sur nous, j’en suis certaine ! Je sens si souvent sa présence.
Je te remercie aussi de tout mon cœur de m’avoir permis d’habiter avec Jean-François , ce qui fait de moi une des seules externes, C’est exceptionnel, toutes les filles m’envient. Et tu ne peux pas imaginer comme cela me fait du bien quand le soir je le retrouve après une journée harassante et régulièrement cuisante, mais de cela je te raconterai plus tard.
Lui va bien, il est heureux dans son job malgré le fait que ce soit dur pour lui aussi. La pression dans son entreprise est forte, on ne le lâche pas. C’est le petit dernier dans sa boite, et beaucoup l’attendent au tournant. Il a déjà une chance inouïe d’avoir trouvé cet emploi dans la même ville que moi. Maintenant il doit faire ses preuves.
En tout cas il est vraiment celui qui compte pour moi et j’espère pour toujours. Il te remercie et ne manquera pas de t’écrire régulièrement maintenant que notre vie se stabilise enfin. Nous ne devrions d’ailleurs un jour avoir le téléphone, nous en avons fait la demande aux PTT, je pourrais alors te parler, un rêve ! Mais tu sais comme ces demandes prennent du temps à être exhaussées.Comme je te l’ai dit, dès mon arrivée le 9 septembre ma vie a été très intense et on ne nous a donné que peu de temps pour nous familiariser à ce rythme si soutenu, et pour ainsi dire d’ailleurs aucun. Dès le premier jour, dès la première heure nous avons vite fait connaissance de l’emploi du temps hyper chargé qui nous attendait et la discipline de fer qui règne ici.
Mais, et c’est de loin le plus important, ils nous ont fait tout de suite prendre conscience de l’immense enjeu auquel nous devons faire face ici. Te rends-tu compte que nous sommes dans un des quatre lieux au monde où se jouent dès à présent les médailles des compétitions les plus importantes dans les années à venir ? Si nous parvenons à nous maintenir dans cette école nous sommes pratiquement toutes promises à au moins une récompense d’un niveau international. La fierté et les avantages qui en résulteront justifient largement l’épuisement, les douleurs et les larmes d’aujourd’hui. Je ne saurais jamais te remercier assez de tout avoir mis en œuvre pour faciliter mon entrée dans cette école. Crois-moi que tu seras un jour récompensé et fier de ta fille et je ferai tout pour te rendre cette fierté la plus éclatante possible.
Nous sommes vingt-deux dans notre promotion, toutes entre dix-sept et dix-neuf ans, à peu près du même niveau. Nous nous entendons à merveille et crois moi avec l’esprit de compétition qui règne ici, ça tient du prodige car ce ne seraient pas les occasions qui manqueraient de nous rendre jalouses les unes des autres et de nous disputer. Seulement je crois que d’abord nous n’en n’avons tout simplement pas le temps et ensuite la sévérité qui règne ici nous ferait craindre le pire, surtout un renvoi probable qui pourrait advenir si jamais nous franchissions certaines barrières. J’ai vu une seule fois une fille jouer un mauvais tour à une autre et crois moi elle s’en souviendra toute sa vie. On a entendu ses cris dans toute l’école.
Maintenant je vais te décrire ma vie ici :
Le matin, lever à six heure et arrivée à sept heures trente pour une demi heure de débriefing. Nos activités scolaires commencent à huit heure jusqu’à midi. Elles comptent autant que les activités sportives, ça je le savais, mais le niveau est élevé là aussi, et nous avons intérêt à nous maintenir. Le week-end est bien nécessaire nous y aider. Même si nous sommes éprouvées physiquement et que nous devrions nous reposer et nous distraire, nous avons toujours un monceau de travail à rattraper et gare à celle qui serait négligente. Les sanctions hebdomadaires restent suspendues au dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès et ne nous laisse que peu de sérénité. Il nous faut garder la tête hors de l’eau, quoiqu’il arrive.
Bonne nouvelle d’abord, tu vas être content : je suis la première en français, tout le soin et l’exigence que tu as porté à me le faire travailler porte pleinement ses fruits. Mon prof est vraiment content de moi et regrette même que je veuille m’orienter dans le sport. Je pourrais avoir selon lui un brillant avenir dans bien des domaines. Mais, désolée de le décevoir et de te décevoir aussi , car je sais bien que c’est ce dont tu rêverais. NON ! c’est bien le sport qui m’intéresse et dans le sport c’est l’athlétisme qu’il me faut, je suis faite pour cela. Pour le reste… je verrai le moment venu !
Quoiqu’il en soit le Français me maintient une moyenne indispensable car dans les autres matières il n’en n’est pas ainsi, loin de là. Surtout en math ou au cours de l’évaluation qui a lieu chaque jeudi je tremble littéralement à chaque exercice pour ce que pourraient me réserver mes erreurs le vendredi. Je t’expliquerai !
Pour le reste heureusement que Jean-François est là pour me soutenir le week-end. Il est très bon dans tout ce qui est scientifique, et comme elles sont tout que je déteste le plus au monde tu imagine l’avantage pour moi.L’après midi est entièrement consacré au sport, de 13h30 jusqu’à 20h, presque sans interruptions. J’en suis heureuse comme tu peux le deviner mais imagine l’endurance qu’il me faut pour supporter ce rythme.
Maintenant je dois te parler nos profs et nos coachs. La majorité sont des hommes surtout dans le sport. En profs on a trois femmes et je les crains beaucoup, presque plus que leur collègues masculins. Elles nous en demandent d’avantage, sont moins enclin aux excuses et je dois dire ont la main aussi leste, sinon plus.
Notre entraîneur principal, pour notre classe c’est Armand, il est baraqué comme une armoire à glace et a eu son heure de gloire, il a pratiqué la compétition au plus haut niveau et connaît toutes les ficelles de l’entraînement et du “conditionnement” comme il dit.
Il fait très sympa à voir comme cela et il l’est, mais question éducatif en fait pas vraiment, et même pas du tout, avec lui on ne plaisante pas la dessus ! Si tu as un problème à résoudre c’est face à lui qu’il devra l’être, et crois moi il est vite réglé. Il peut être compréhensif, mais il faut s’arranger pour ne pas en avoir quand tu sais que ton problème risque de se retourner contre toi. Tant qu’on le peut évidemment.Et puis il a Évelyne qui le seconde. Elle est intraitable, peut être encore plus que lui. Et surtout elle voit tout, rien ne lui échappe. Si tu as réussi à dissimuler quelque chose à Armand elle le verra immanquablement et la correction qui s’en suit sera aussi impitoyables qu’avec lui.
On dirait qu’ils se font concurrence pour cela. Qui a dit que les femmes sont moins fortes ? Il est vrai qu’elle a fait de la boxe. Mais une chose est sûr, c’est que s’ils sont exigeants ils restent justes et impartiaux. Donc même si nous devons nous repentir à en hurler de nos erreurs nous finissons par accepter les sanctions car elles seront méritées, le sentiment de justice doit primer sur le reste C’est très important !Je dois aussi te parler de ce qui fait la réputation de notre école et la rend si performantes : ce sont tout simplement, tu l’auras sans doute deviné : les
punitions.
Elles sont le cœur du système et je t’assure qu’aucune d’entre nous n’y échappe.Il peut y avoir des punitions modérées pour certains manquements disciplinaires. Faire des lignes à n’en plus finir, la vaisselle pour toute la collectivité et j’en passe.Ce sont des punitions mineures finalement, mais malheureusement elles ne constituent qu’une première étape car comme tu le verras, toute erreur de conduite est consignée et se paie durement une seconde fois.
En fait les punitions largement les plus courantes et les plus efficaces, ce sont des punitions physiques, les fessées, comme pour les enfants mais en pire. Et là ! Ça ne badine pas, ou au contraire, ça badine, et drôlement !
Ce ne sont pas seulement nos erreurs et nos étourderies qui nous les font goûter, mais aussi tous nos points faibles, nos lacunes et ce jusqu’à ce qu’ils disparaissent complètement, qu’importe soit l’état de nos fesses pour y parvenir. Et ça marche !Pour l’ensemble de nos activités, scolaires et sportives, ces sanctions arrivent le dernier jour de la semaine, c’est à dire le vendredi matin. J’ai déjà commencé à t’en parler. Un sacré jour celui-là, s’il te plaît pense bien à moi chaque fois qu’il arrive, j’en ai besoin !
Le premier vendredi a été une découverte terrible pour moi, un vrai choc. Je savais avant de venir que la discipline qui régnait ici était sévère, j’en étais plutôt contente car elle s’avère indispensable si on veut évoluer et se maintenir à haut niveau, mais de là à imaginer ce qu’il se passe vraiment…. Quand arrive le moment et qu’il nous faut vraiment rendre les comptes, c’est vraiment autre chose de le vivre que de le penser, nous ne sommes pas fiers
Les corrections hebdomadaires se déroulent dans la classe principale ou nous nous tenons toutes rassemblées en présence de l’ensemble de nos profs. A cette occasion tous nos devoirs scolaire, que nous avons effectuées dans la semaine nous sont rendus et nous disposons d’une demie-heures pour les consulter et nous rendre compte des fautes commises et de nos faiblesses et surtout du nombre de coups qui immanquablement en résultera .
Si une appréciation nous parait injustifiée nous avons bien sûr le droit de nous plaindre directement au prof, mais rarement elles sont rectifiées car ils sont intransigeants mais justes et des plaintes excessives peuvent nous rajouter des coups supplémentaires. Donc les pinailleries sont à éviter, il faut être vraiment sûr de soi pour conteste ! Certaines n’hésitent pas à prendre le risque et braver la peur. Je les admire car souvent elles le regrettent.
Nous recevons également un tableau avec l’ensemble des activités sportives (sauf la course) pour lesquelles nous n’avons pas atteint les objectifs fixés, généralement il y a de quoi faire là aussi vu le nombre et leur diversité il y a de quoi rattraper. Donc pendant cette demi-heure nous comprenons très vite ce qui nous attend et regrettons notre paresse.
C’est dur et justifié mais en même temps, et je suis certaine que tu seras d’accord avec moi : on
ne peut pas être bonne partout, il y a forcément des matières à la traine.Et bien si ! Ici il faut être championne toutes catégories, ni plus ni moins et quand on ne l’est pas, on le devient. Alors les fessées deviennent forcement LE passage obligé.Et pour devenir la superwoman qu’ils attendent de nous, une à une, chacune à son tour est appelée sur l’estrade pour recevoir sa ration Là, devant tous les élèves et nos profs, nous devons nous
déculotter complètement, pantalon et culottes au dessous des genoux et nous mettre en position, penchée contre le bureau pour recevoir la fessée.Au passage je précise qu’ici la pudeur est vite abandonnée, nous l’avons comprise dès la première fois. De toute façon les coups nous la font vite oublier. Nos fesses, nos cris et nos pleurs ne nous appartiennent plus mais à l’école ! On ne cesse de nous le dit. C’est comme un bien commun que
nous devons partager. Après, c’est à nous, dans notre fort intérieur de nous en accommoder et de faire en sorte de nous améliorer pour que cela s’arrête. C’est aussi ce qu’on nous rabâche quand nous osons nous plaindre ou montrons des signes de fatigue et de découragement. Et ça arrive souvent.La fessée se déroule donc les fesses exposées à toutes les filles, les larmes et les grimaces à nos profs qui restent alignés derrière le bureau, impassibles. Ce sont eux qui nous corrigent, ils se relaient pour le faire. Tous y passent un vendredi ou l’autre sauf Armand n’en fait pas partie, lui
se réserve pour l’après midi.L’instrument utilisé est le martinet, ceux de l’école sont très très cuisants, même pour les plus aguerries. Spécialement fabriqués et optimisés par un cordonnier qui utilise des techniques anciennes éprouvées ils sont régulièrement remplacés.
Je me souviens quand petite je faisais des bêtises tu me menaçais d’en acheter un, j’en tremblais. Et bien maintenant je regrette que tu ne l’ai jamais fait car je m’y serais peut être habituée. C’est le cas pour certaines filles qui en ayant reçu par le passé, pleurent tout comme moi, mais finalement le supportent mieux et s’en remettent plus vite . Moi je ne m’y fais vraiment pas et ce n’est pas faute d’en recevoir chaque vendredi.De plus, les profs ont chacun leur manière de le faire claquer sur nos fesses, certains sont redoutables., on se demande s’ils n’ont pas été profs de martinet avant d’être prof d’autre chose, particulièrement, et comme par hasard, celui de math. Il ne connaît que trop bien mes lacunes et quand je tombe sur lui je peux te dire qu’il me soigne. Chaque vendredi j’ai la trouille de tomber sur lui et c’est déjà arrivé deux fois. Maintenant je me rattrape en math, si tu me voyais, je connais les formules sur le bout des doigts !
Donc voilà, chacune de nous y passe. Mais d’abord il y a l’attente car on est appelée en fonction de notre classement. Les meilleures passent les premières, donc plus on est faibles plus on doit patienter en regardant les autres recevoir et en sachant que ce sera encore pire pour nous. Tu ne peux pas imaginer ce que cela fait. A force de voir les fesses des copines se tordent et devenir violettes, à force d’entendre leurs gémissement et leurs cris, penser qu’on va leur succéder et recevoir encore d’avantage est déjà une sacrée épreuve.
Évidemment notre tour arrive bien plus rapidement qu’on le souhaiterait. Maintenant je sais à quoi ressemble l’éternité c’est quand ça commence à tomber ça ne s’arrête pas. Ça dure si longtemps
qu’il y a parfois besoin de pauses et bien souvent un prof doit nous maintenir nous empêcher de nous protéger avec les mains, de trop bouger et même de chercher à fuir. Le maximum que j’ai du recevoir c’est quatre-vingt-treize coups, pour certaines c’est plus. Quand il y en a trop, au delà de cent, ce n’est pas si rare, une partie est reportée à un jour de la semaine suivante, dans le bureau du directeur car il faut se réserver pour l’après midi..Ensuite, une fois le nombre de coup reçus nous devons nous relever, et dans quel état ! . Mais interdiction de nous reculotter car le directeur nous annonce alors notre note de conduite en détaillant bien chaque manquement de la semaine écoulée, négligences comprises et le nombre de coups qui nous attendent à nouveau. C’est très variable, parfois aucun et en cas de manquements graves vraiment beaucoup.
Puis nous reprenons alors la position et c’est le directeur lui même qui applique la sanction qu’il exécute de toutes ses forces avec une ceinture en cuir très épais. Tu peux imaginer la douleur sur nos pauvres fesses déjà très zébrées et qui n’en peuvent plus. Il me fait très peur, il est impitoyable, se rend-il vraiment compte ? Nous crions toutes. Mais il faut reconnaître que le résultat est là. Notre conduite s’améliore de semaine en semaine, même chez les plus récalcitrantes. J’apprends la discipline et la rigueur morale comme je ne l’avais jamais fait. Personnellement comme j’ai la chance de ne pas être à l’école le soir j’ai moins de raisons d’en recevoir mais il ne perd pas l’occasion de se rattraper quand mon tour arrive. Il se montre toujours plus exigeant avec les externes.
Puis enfin nous pouvons nous relever et cacher notre intimité. Nous regagnons en larmes notre place pour essayer de nous asseoir, nouveau défi et non des moindres, je n’ai jamais autant rêver de coussins de ma vie.
Mon cher papa je suis sûr que cela doit te révolter de savoir ta fille subir de telles épreuves. Je ne devrais peut être pas te raconter tout cela. Tu ne supporterais pas de me voir souffrir et je n’aimerais pas non plus te montrer une telle image de moi. Mais rassure toi car ce sont des épreuves qui bien que redoutables sont très efficaces et une fois qu’elles sont terminées aucune d’entre nous ne les regrette vraiment. Nous sommes au contraire immensément soulagées et prêtes à tout pour nous surpasser pour en éviter d’autres. Et justement c’est l’après midi qui suit, qui nous en offre alors la possibilité.
Donc nous y voilà enfin ! Si le vendredi matin a été important et intense, le vendredi après-midi le devient davantage, il est décisif car il nous permet de vraiment nous mesurer, de nous donner au maximum. De nous évaluer en profondeur. C’est finalement le moment de la semaine le plus important de notre apprentissage. On y apprend vraiment ce qu’est une compétition sportive et la pression qui va avec. Et elle est terrible !
Si nous arrivons première ou pas trop loin, bien sûr nous sommes heureuses pour nous même mais malgré tout peu félicitées, car nous devons apprendre à considérer nos victoires comme allant de soi. Par contre si nous nous relâchons et échouons en arrivant dans les trois dernières, alors le pire
nous attend. Nous ne le savons que de trop, donc c’est avant tout cette peur qui nous motive. Et crois moi la peur stimule.Si je ne suis jamais parvenue à me positionner première, il m’est arrivé deux reprises de me retrouver dans les trois dernières. Une fois troisième et une fois toute dernière. J’ai à chaque fois jurée que ça recommencerait plus. Et quand je fus la dernière, effectivement la semaine suivante, non seulement cela ne s’est plus reproduit mais je suis arrivée la deuxième de la classe.
Voilà plus précisément comme se déroule l’après-midi : Le début est réservé à la concentration, nous en avons bien besoin, surtout que nos fesses sont généralement en piteuse forme. Le départ de la course est fixé à 15 heures. Elle a lieu sur notre terrain d’entraînement, un 4000 mètres.
Dès le départ et jusqu’à l’arrivée nous mettons absolument tout de nous-même. Étant physiquement toutes du même niveau nous sommes toutes potentiellement capables d’arriver en tête. C’est uniquement le mental qui joue et notre mental se construit ici avant tout avec la peur, peur de se retrouver à la traîne et de recevoir la fessée magistrale qui nous attendrait. Tout désir de victoire est largement dominé par cette volonté d’y échapper. Malheur à celles qui traînent.
Cela fonctionne si bien que le groupe atteint vite un niveau très haut et que les dernières ne le restent jamais longtemps.Une fois la course terminée nous sommes épuisées et nous rentrons dans le gymnase pour les commentaires, les encouragements mais aussi les sanctions. Celles-ci reposent exclusivement sur les trois dernières. Il leur est demandé de se déshabiller entièrement. Elles se retrouvent ainsi face aux autres, dénudées et dans une honte et une angoisse terrible. Dans cette situation difficile de réprimer des tremblements.
C’est Armand qui s’occupe d’appliquer la sentence, il se montre à la hauteur, sans aucune défaillance.
La première des trois est appelée a la barre de gym ou elle doit se pencher. Le tarif est une fessée manuelle longue et très claquante. Une telle clémence t’étonnera peut être, après les séances de martinet et de ceinture du matin. Mais pour te faire une idée plus précise toutes les fessées que toi et maman m’avez administrées par le passé n’en n’étaient pas vraiment comparées à celles d’Armand. Il doit y avoir un problème de vocabulaire car le mot ne peut englober des choses aussi différentes, on devrait en inventer de nouveaux.
Sa main est bien plus proche de celle d’un dieu antique ou presque, que celle d’un humain, et je dirais tout de suite Hercule et Vulcain réunis. Implacable, semant le feu à chaque coup sur des fesses déjà tannées, l’effet est garanti. De plus ces fessées semblent terriblement longues.Pour l’avant dernière arrivée le tarif est le même, mais à la fessée manuelle s’ajoute pour elle une nouvelle séances de martinet. Si les profs du matin ont dû être profs de martinet dans le passé, lui a dû gagner la médaille olympique dans la discipline. C’est comme un prolongement naturel de sa main. Et sa main est puissante et son bras très musclé. Le martinet est mis à l’épreuve lui aussi, parfois des lanières se détachent dans l’action.
Enfin la dernière a droit à exactement le même régime que la précédente : main plus martinet. Mais il s’y ajoute la cane. As tu déjà entendu parlé de la cane anglaise ? Et bien moi pas avant cette année et pour en avoir tâté je peux te dire que c’est avec elle et de loin la correction la pire que je connaisse. On a droit à vingt deux coups car on est arrivée vingt deuxième. Chaque coup provoque un mal de chien et des stries qui restent longtemps. Cris et supplications garantis quand ce ne sont pas des hurlements. Je frissonne rien que d’y penser.
La fois ou j’en ai reçu j’ai vraiment cru que les malédictions divines s’abattaient sur moi. D’autant plus que le matin même j’avais eu droit à la ceinture du directeur pour avoir osé insulter ma prof d’histoire le mardi précédant et pourtant je ne l’avais pas fait fort, juste chuchotée, mais elle m’avait entendu. L’insulte m’avait échappé car à cause de toute cette pression c’était sorti tout seul, de plus elle m’avait provoquée et c’était à moi de me contrôler, chose que je ne savais pas faire… Maintenant si ! . En retour, la séance de ceinture avait été à la hauteur de la faute. Avec la cane qui se rajoutait l’après midi Armand a du demander à deux camarades de me maintenir tellement je me débattais.
Une fois la séance terminée je te laisse imaginer dans quelle état nous nous retrouvons. Avant la douche froide sous contrôle, Armand prend soin de calmer le jeu et d’embrasser les trois punies. Par un petit discours chaque fois renouvelé il leur témoigne toute la confiance que l’école continue à leur accorder et la certitude qu’une amélioration prochaine va se produire. Moi j’étais dans un tel état que je n’ai pas saisi un seul des mots sortis de sa bouche.
Le soir en arrivant à la maison, je ne pouvais à peine marcher et quand Jean François a vu l’état de mes fesses il est rentré dans une fureur noire. Il voulait qu’on aille immédiatement à la police pour porter plainte. J’ai eu tout le mal du monde à l’en dissuader, le menacer même de le quitter. Finalement il s’est calmé et m’a soignée et cajolée tout le week-end.
Dans un premier temps j’étais vraiment mal, j’ai même songé sérieusement à abandonner cette école tellement je ne me sentais plus à la hauteur. De plus rien que l’éventualité de pouvoir revivre un jour une telle épreuve relevait de la science fiction. J’étais arrivé tout au bout de ce je pouvais donner.
J’ai passé la nuit du vendredi sur le ventre les fesses à l’air tellement les braises sur mon derrière me cuisaient encore. Toute autre position aurait été inenvisageable. Impossible de dormir bien sûr, j’étais dans un état second. Mais au milieu de la nuit il s’est passé un phénomène étrange…. Quelque chose s’est modifié en moi, je ne saurais dire comment et à quel moment exactement. Comme une chenille devient chrysalide puis papillon je me suis métamorphosée.Le lendemain j’étais devenue une autre fille, plus calme et posée et même plus proche de jean François. Tu ne m’aurais pas reconnue, lui même en fut étonné . Excuse moi de te dire cela car tu es mon père, mais avons fait l’amour ce jour là comme jamais, malgré les douleurs qui ont persisté tout
le week-end et même après.Le lundi en retournant à l’école j’avançais à reculons je ressentais une terrible appréhension à l’idée de retrouver toute cette violence. Mais en même temps une fois arrivée, j’étais devenue plus attentive, plus mure, plus ouverte et plus performante aussi. Cela s’est maintenue toute le reste de la semaine. De ce fait, à cause des résultats obtenus, les fessées du vendredi ont duré bien moins longtemps… Pour une fois ! Et surtout, comme je te l’ai dit, l’après midi je suis arrivé la deuxième pour la course la semaine. Je crois que la crainte d’une nouvelle correction m’avait tellement imprégnée que j’ai couru presque sans effort.
Tu imagine comme je me suis sentie heureuse ! Intérieurement je triomphais littéralement.
Par contre, lorsque après j’ai assisté à la fessée de la dernière arrivée j’ai sincèrement pleuré pour elle. Je ne savais que de trop ce qu’elle pouvait ressentir. J’ai appris plus tard qu’elle avait été gênée par une tendinite mais qu’elle n’avait rien voulu dire. Cette fille c’était Justine, elle est devenue ma meilleure amie et nous nous entendons comme deux sœurs, nous rions sans arrêt, enfin quand on peut. Je te parlerai d’elle un jour.
Peut être te pose tu encore beaucoup de questions sur ces méthodes et je te comprends, mais les faits sont là ! Je t’assure que ces pratiques me font franchir mes limites comme jamais. Tu ne me reconnaîtrais pas.
En plus cette école est archi réputée. Il arrive même que des anciennes élèves, championnes du monde et autres, reviennent faire une “remise à niveau” quand leur carrière commence à chanceler. Cela se produit régulièrement mais nous ne sommes jamais prévenues à l’avance. Une correction magistrale retentit alors dans tout l’établissement. Puis elles repartent aussi vite qu’elles étaient venues, souvent en taxi. C’est seulement après que nous apprenons quelle personnalité célèbre était dans nos murs. Cela nous motive encore d’avantage. Nous devrions être mises en
contact un de ces jours avec l’une d’elles.Ce soir on est vendredi, suite à quelques difficultés en chimie (je déteste cette matière) et une série de sauts en hauteur complètement ratés j’ai à nouveau copieusement reçu. C’est le prof de Français qui s’est occupé de moi. Il m’aime beaucoup mais au moment d’empoigner le martinet il m’a annoncé : “Ce n’est pas parce que tu es très bonne en Français que tu dois négliger les autres matières, je vais t’inculquer une fois pour toute cette règle élémentaires”. Et je peux te dire qu’il me l’a inculqué à sa manière, il me l’a même imprimé en profondeur, et sans ménager un centimètre carré de ma chair. Si la hauteur des sauts est proportionnelle à l’intensité de ses coups je vais dominer pas mal de monde la semaine prochaine. En plus il s’est révélé très créatif. Sur mes fesses, j’ai des striures encore toutes gonflées qui partent dans tous les sens et dessinent de vraies arabesques. Jean-François m’en a fait la réflexion et lui qui d’habitude ne plaisante jamais avec ça en a souri, puis nous avons finalement ri tous les deux. Je crois qu’il commence par s’y faire, un peu. En fin d’année mes fesses auront été tellement tannées qu’ont pourra sûrement en faire un sac à main, j’en suis certaine. Il n’a pas négligé mes cuisses non plus, c’est encore plus douloureux et du coup pas de jupe envisageable ce week-end, ni maillot de bain. C’est dommage il va faire beau et chaud, on voudrait sortir en ville et réviser au bord de l’eau.
J’ai l’air de prendre cela à la légère, mais crois-moi ce sont de mises à l’épreuve continues qui s’enchaînent ici. Je n’aurais jamais autant pleuré que cette année. Peu de filles de notre âge seraient capables de supporter ce que nous endurons. C’est le prix à payer pour notre réussite, nous le savons toutes !
Ce matin Armand nous a annoncé que nos entraînements allaient prendre une nouvelle orientation et se rapprocher de ceux pratiqués dans les pays de l’est. Là-bas la badine tombe encore plus sévèrement et plus systématiquement, tous les jours et même parfois le fouet. Il n’est pas question de nous laisser distancer. La loi du sport à ce niveau ne connaît ni repos ni pitié. De plus on leur donne plein de produit pour améliorer leurs performances. Là bas ces pratiques sont généralisées et il est possible que nous y ayons droit nous aussi. Mais attention, surtout ne le répète à personne car c’est strictement interdit ! Il parait que les injections qu’on pourrait recevoir dans les fesses avant la course sont extrêmement douloureuses. Mais elles leur permettraient de nous évaluer dans ces conditions.
En entendant cela, Justine a fondu en larmes. Elle est très sensible, c’est son point faible. Je l’ai consolée comme j’ai pu et ça a marché. Elle est vraiment super, on s’aime beaucoup. Comme j’aimerais te la présenter.
Voilà, il faut que je te quitte, le sommeil m’appelle. Le week-end qui arrive va être profitable mais une fois de plus insuffisant.. Je suis très fatiguée mais reste quoiqu’il arrive exaltée.
Je te promets je j’écrirai plus souvent, j’ai tant de choses encore à te raconter. Écris-moi vite, plus vite que moi. Donne moi aussi de tes nouvelles. Tu m’as dit que ton associé avait disparu, est-il revenu ?
Et surtout ne t’inquiète pas pour moi, c’est une année très difficile, mais au loin je commence à percevoir la lumière et mon avenir s’annonce vraiment radieux, j’en suis absolument certaine. Je veux mériter, je veux te mériter, je veux mériter Jean François.Tu me manques !
Ta petite fille qui grandit et t’aime toujours plus.
Manon.
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Cette lettre fait partie d’un ensemble trouvé dans une boite oubliée dans le grenier de la maison ou j’ai aménagé il y a quelques années. Pas moyen de les rendre à l’ancien propriétaires qui a disparu.
Bien que la date soir peu visible, elle semble dater des années 70, et a été expédié de la région parisienne.
Parmi toutes les autres lettres jointes, la quasi totalité concernent bien d’autres sujets qui ne présentent aucun intérêt. J’en ai trouvé malgré tout une qui pourrait venir de son père et adressée à une cousine. Elle est plus récente et fait allusion au décès de cette Manon qui serait survenu en 1986. Il indique “ne pas pouvoir à s’en remettre”. Mais aucun détail n’est précisé.
Depuis, je me pose de nombreuses questions. Surtout je me demande si cette mort serait due aux efforts démesurés que cette fille aurait du fournir, de ces méthodes d’un autre siècle ou encore d’un dopages effréné auquel elle aurait été soumise par la suite ? Peut être de tout autre chose ! Pas de nom de famille qui puisse me permettre d’orienter une recherche sérieuse. Donc j’en reste là.
En lisant ces lignes j’ai malgré tout éprouvé un vrai chagrin.
19 février 2020 à 11:48 #43203Ô.CéaneParticipant
Troublant!..on a même peine à y croire…Est-ce fantasmé ou la réalité de cette (ces) jeune(s) femme(s)?
Bonne journée.
"Et mes fesses, tu les aimes mes fesses"
Mes récits ne sont pas forcément le reflet de ce que je recherche...juste une inspiration...21 février 2020 à 02:36 #43223ConfessiusParticipant
Merci beaucoup pour votre commentaire.
Toute ressemblance avec des personnage existants ayant existé ne serait que pure coincidance et j’espère sincerement que la coïncidence n’a jamais eu lieu, bien que j’ai parfois des doutes.
Je comprends que cela puisse troubler Toute critique négative.serait les bienvenues.
Ni réalité ni totalement fantasme Je voulais tenter une expérience qui puisse ramener à une origine purement fonctionnelle de la fessée, vidée jusqu’à l’absurde tout plaisir et narcissisme.
Ce récit est seulement la parenthèse d’un moment plus proche d’une grosse planète noire que d’une petite rose.
Donc je comprends qu’il dérange et j’en suis désolé.
Mais je n’ai aucun regret !
21 février 2020 à 14:01 #43238Ô.CéaneParticipant
Mais il ne faut avoir absolument aucun regret!
Je suis juste rassurée que personne n’ait eu à vivre ce traitement sur le long terme, exprimé dans ce récit…Car si nous vibrons à la lecture de celui-ci, je pense qu’un tel rythme et une telle pression seraient relativement difficilement supportables.
Très belle écriture, j’ai bien aimé…
Merci."Et mes fesses, tu les aimes mes fesses"
Mes récits ne sont pas forcément le reflet de ce que je recherche...juste une inspiration... -
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